Baby Factory (Bahay Bata) d’Eduardo Roy Jr. (2011)


A l’instar de la majeur partie des films philippins qui accèdent aux compétitions des festivals en France, Baby Factory est issu de Cinemalaya, à la fois une fondation pour l’essor du cinéma philippin, et un festival à Manille qui fait la part belle à la production locale indépendante. Cinemalaya constitue ainsi le vivier d’une cinématographie en plein boom depuis les révélations Brillante Mendoza et Raya Martin.

Comme Niño (présenté au FICA de Vesoul 2012), Baby Factory provient de la sélection 2011 de Cinemalaya et est un premier long-métrage. Le premier se déroule dans le cadre apaisé d’une demeure loin de la ville quand Baby Factory nous ramène lui au brouhaha urbain de Manille, assez typique des films de Brillante Mendoza. Baby Factory semble ainsi alimenter les stéréotypes du cinéma philippin actuel.

Eduardo Roy Jr. nous introduit à l’intérieur de la maternité publique de l’Hôpital Dr. Jose Fabella à Manille. En préambule du film, un carton nous renseigne sur la particularité de cette maternité. Elle est la plus occupée de la capitale et concentre près de 20% des naissances de la ville. L’immersion est complète. Eduardo Roy place ses actrices en plein coeur de la vie de la maternité, construit de la fiction au sein même d’une réalité continuellement agitée. La prouesse du réalisateur est de parvenir à tenir l’équilibre de ce mélange entre documentaire et de fiction. Il faut dire que l’entreprise est complexe et casse-gueule, et sans aucun rapport avec les séries hospitalières US qui prétendent nous faire rentrer dans les coulisses des services.

Le cinéaste suit le point de vue de Sarah, une jeune infirmière. A travers son regard, nous découvrons tous les rouages de la maternité, l’organisation sociale, la pénurie de moyen, l’abnégation et le courage des différents personnels etc. Le tableau général est à la fois édifiant et fascinant. On imagine pas forcément très bien, vu de France, un tel semblant de bordel au sein d’une maternité. Surtout, Eduardo Roy Jr. nous offre quelques jolis moments d’humanité. Une vraie solidarité s’exerce, qui noie toutes les petites rivalités ou mesquineries qui tentent d’émerger parfois. Le dévouement des personnels, le courage des femmes qui accouchent, l’entraide qui les lie, tout cela éveille une véritable foi en l’humain. C’est ce qui intéresse en premier lieu le cinéaste dont le film ne donne jamais le bâton pour la critique sociale. Au contraire, les différences tendent à s’effacer même si ce n’est qu’illusion.

Benoît Thevenin

Baby factory ***1/2

Lire aussi :

  1. Gone Baby Gone de Ben Affleck (2007)
  2. Rosemary’s baby de Roman Polanski (1968)
  3. Million Dollar Baby de Clint Eastwood (2005)
  4. Charlie et la chocolaterie (Charlie and the Chocolate Factory) de Tim Burton (2005)
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