I Carried you home (Padang besar) de Tongpong Chantarangkul (2011)

Retenez bien le nom de ce cinéaste, il n’est pas si difficile à prononcer : Tongpong Chantarangkul. Pour son premier long-métrage, le cinéaste signe un début brillant. Le film, qui s’apprête à être présenté au festival de Deauville Asie, pourrait bien être la révélation de la semaine pour ceux qui seront sur les Planches.

Suite au décès inattendu  de leur maman, deux soeurs se retrouvent après une longue séparation. Elles sont en froid depuis que l’aînée est partie vivre et travailler à Singapour, dans la foulée d’un mariage annulé à la dernière minute. La cadette est une jeune étudiante à Bangkok. Les deux sont forcées de passer du temps ensemble, à l’intérieur du corbillard qui doit ramener le corps de leur mère chez elle pour sa dernière demeure. Elles ne se parlent pas mais, très difficilement, elles vont de nouveau se rapprocher.

I Carried you home est  peut être moins un film sur le deuil que l’histoire de deux soeurs qui se retrouvent. Tongpong Chantarangkul mène le récit en deux temps : le dernier voyage dans un quasi temps réel est interrompu par des flash back qui ne remontent pas très loin en arrière, qui révèlent moins de choses sur le passé des personnages qu’ils ne permettent de mieux assimiler leur personnalité. Pann, la cadette des deux jeunes femmes, reproche beaucoup à Pinn, sa grande soeur, son absence, son éloignement à Singapour, et donc un certain égoïsme. Les retour en arrière rendent compte aux spectateur de la sévérité du jugement de Pann, d’autant qu’elle même est loin d’être irréprochable.

Ce qui sépare les deux jeunes femmes, c’est un non-dit, un secret  qui ne sera révélé que dans la conclusion du film. Il n’y a pas vraiment d’indice permettant de l’anticiper – le seul intervient tard -, mais de toute façon, la nature du secret n’est pas si déterminante que ça, sauf si l’on se replace dans le contexte de la société thaïlandaise.

Mis en scène avec énormément de tact, I Carried you home est film subtil et beau, qui réserve de jolis moments d’émotions, arrache quelques sourires parfois et révèlent deux comédiennes magnifiques. La délicatesse du cinéaste est précieuse, qui ne frôle jamais les poncifs du genre. Le film a son originalité, sa singularité. Cela tient sans doute à la sensibilité de Chantarangkul. La réalisation est douce, sophistiquée, élégante, et coïncide très bien avec le sujet, si fragile. Il faut souhaiter que le film trouve un distributeur car il mérite d’être vu, et Tongpong Chantarangkul pourrait bien être un cinéaste dont on entendra beaucoup parler dans les années à venir.

Benoît Thevenin

I Carried you home ****

Lire aussi :

  1. Les Géants de Bouli Lanners (2011)
  2. Michael de Markus Schleinzer (2011)
  3. Anonymous de Roland Emmerich (2011)
  4. Kill List de Ben Wheatley (2011)
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2 commentaires sur “I Carried you home (Padang besar) de Tongpong Chantarangkul (2011)”

  1. Bamboo dit :

    Comme cela donne envie de le voir ! :-)

  2. Tu étais à Deauville cette année ? Tu as pu voir le film ?

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