Le précieux film de Hans-Christian Schmid sort dans les salles françaises au moment ou le procès de l’ancien leader serbe Radovan Karadzic, accusé d’être responsable du massacre de Srebenica à l’été 1995, vient d’être ajourné.
Si La Révélation est précieux, c’est pour ce qu’il révèle de complexité d’une juridiction internationale pour statuer sur les crimes de guerre. Conçu comme un thriller politique, le film est à l’envers des conceptions hollywoodienne du genre, échappe aux grosses ficèles et à toute notion de spectacle. Hans-Christian Schmid assume un point de vue à hauteur de ses personnages et qui rend compte de toutes les ambivalences propres aux acteurs du procès.
La Révélation suit une femme procureur (Kerry Fox) en charge de l’accusation contre un général serbe accusé de crimes contre l’humanité. Le dossier d’instruction est fragile et repose presque exclusivement sur le témoignage d’une jeune femme (Anamaria Marinca) terrorisée à l’idée de se retourner sur son passé et qui pourrait être encore malmenée si elle parlait.
Hans-Christian Schmid investit un champ déjà exploré dans Au loin les lumières qu’il réalisa en 2004, c’est à dire le conflit entre idéalisme et pragmatisme face à une situation ou l’être humain dans sa chair et dans sa psychologie est particulièrement maltraité.
Le procès du leader serbe est régenté par une procédure stricte dans laquelle l’accusé, au-delà de ce qui lui est reproché, bénéficie heureusement de droits. Le procès se soit doit d’être équitable, juste, avec un acte d’accusation rigoureux et étayé. C’est là toute la problématique qui se pose face aux personnages. La procédure, nécessairement technique, rend très mal compte de la souffrance des êtres, des victimes impuissantes qui font face à leur bourreau. Que les faits soient connus ne suffisent pas, ils doivent être prouvés. Pour condamner celui qui est dans le box, il faudra alors procéder peut-être à des compromis qui sont comme des coups de poignards dans le dos de témoins qui ne voient pas leurs souffrances prise en considération comme ils le souhaiteraient.
La Révélation est remarquable pour sa précision, sa rigueur et la façon dont il apporte une certaine connaissance des rouages qui permettent à la justice internationale, quoi qu’on puisse lui reprocher, de fonctionner quand même. Le film n’a rien de dogmatique, n’est pas non plus à thèse, et l’immersion proposée par le cinéaste nous ramène à l’idée première de tout thriller : le film est empreint d’une vraie tension, d’un suspens fort et plutôt haletant. Les comédiens sont en plus tous irréprochables. La Révélation est une grande réussite et un film nécessaire.
Benoît Thevenin
Filmographie de Hans-Christian Schmid :
1996 : Dans la forêt vierge après cinq heures
1998 : 23
2000 : Crazy
2003 : Au loin, les lumières
2006 : Requiem
2007 : Et puis les touristes (producteur)
2008 : La Révélation
La Révélation – Note pour ce film :
Sortie française le 17 mars 2010
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Merci pour cet article, un très beau film en effet. Les acteurs sont tous remarquables, la réalisation est très soignée.
Le sujet est particulièrement alors que Karadzic est en ce moment à la Haye.
http://culturespub.wordpress.com/2010/04/16/storm-une-revelation/