Cow (Dou Niu) de Guan Hu (2009)

Cinéaste encore inconnu chez nous, Guan Hu ne devrait pas (ne doit pas) le demeurer longtemps. Cow, son sixième long-métrage, est un film étonnant, autant inattendu que réjouissant.

La séquence pré-générique donne parfaitement le ton. On note d’emblée une ambition de mise en scène, un rythme, qui seront maintenus tout au long du film. Un homme seul dans un village abandonné de type moyen-âgeux découvre un charnier ou sont entassés les corps de tous les villageois. L’homme entend ensuite un bruit. Il se rapproche, tend l’oreille contre le mur de pierre qui semble le séparer de la source du bruit, puis recule. Le mur tremble encore puis s’effondre, laissant découvrir une majestueuse vache…

L’histoire prend pour cadre la guerre sino-japonaise de 37-45. Le village est un endroit reculé encore resté au moyen-âge. Avant le massacre des villageois par les troupes japonaises, la vie s’organisait autour d’une vache, une vache néerlandaise, bien plus lourde et impressionnante que la petite vache chinoise déjà là. Le héros du film (Niu), découvert dans la séquence d’introduction, est un peu l’idiot du village, mais c’est à lui que revient la tâche de veiller sur la précieuse vache. L’animal a des vertues quasi magiques. Le lait est prioritairement destiné aux soldats blessés. Elle va transformer aussi un homme simple en héros de la résistance face aux nippons.

Le film est l’adaptation d’un récit de Zhao Dongling, lui-même inspiré d’une légende issue du folklore chinois. Guan Hu en tire un film audacieux, à la fois tragique et très drôle, et qui est surtout une vraie découverte. Le cinéaste déborde d’idées, à tel point que l’on ne sait jamais trop quelle tournure va prendre l’histoire.

Cow est évidemment une évocation de la Guerre Sino-japonaise, dénonce les exactions commises par les soldats de l’Empereur, et un hommage à l’héroïsme et au courage des villageois chinois. Le film n’est pas que ça, puisque tout tourne autour de cette fameuse vache, successivement gardée par les villageois ou les japonais. La vache devient l’enjeu fondamental de la résistance de Niu, qui a fait le serment de toujours protéger l’animal.

Huang Bo, dans le rôle de Niu, est une incroyable révélation, justement récompensé par le prix du meilleur acteur lors du dernier Golden Horse Film Festival, présentant et récompensant les meilleurs films d’expression chinoise. Le film a aussi reçu le prix du meilleur scénario, et glané 5 autres nominations. Cow a également été une des principale surprise du festival de Venise, ou le film a été présenté dans la section Horizon. Ces honneurs, Guan Hu les mérite. Son film sort clairement des sentiers battus, va jusqu’au bout de son idée, et est une grande réussite.

Benoît Thevenin


Cow – Note pour ce film :

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