Sous les bombes (Taht el Qasef) de Philippe Aractingi (2008)

« Sous les bombes, la plupart sont morts sous les pierres. C’est pour eux que nous avons fait ce film… »

En 2005, Philippe Aractingi tourne Bosta l’autobus, road-movie musical énergique et flamboyant, sorte de symbole d’un Liban en reconstruction, loin des bombes. L’image du Liban souffre de ces guerres multiples qui ont endeuillé un pays martyr que l’on imagine mal, en occident, autrement que sous les ruines. Malheureusement, l’assassinat  dans un attentat du Premier Ministre Libanais Rafic Hariri, marque le début d’une nouvelle période de déstabilisation profonde du pays. Une fois de plus l’idée d’une nation libre et paisible, comme le Caramel de Nadine Labaki nous le présentait il y a peu, est mise à mal. Mais le Liban de Caramel n’était qu’une parenthèse dans l’histoire tourmentée du Liban. Lors d’un bref entretien à Cannes en mai dernier, la réalisatrice (également actrice dans Bosta) nous confiait « les bombes ont recommencés à tomber sur Beyrouth alors que nous faisions la fête de fin de tournage sur la plage ». Tout un symbole.

‘Il fallait filmer avec les évènements et non pas contre les évènements » (P. Aractingi)

Quand Bosta l’autobus sort en salles, le Liban est en guerre. Les bombes israéliennes tombent sur Beyrouth après que le Ezbollah ait capturés deux soldats de Tsahal.  Sous les bombes, second long-métrage de Philippe Aractingi, marque bien les bouleversements dont a été victime le Liban depuis 2005. Le film a été tourné en direct et représente donc une réaction spontané et même quasi documentaire de cette période. Encore une fois, Aractingi nous embarque sur les routes du Liban. Une femme est à la recherche de son fils sans savoir si celui-ci est vivant. « Je courre après des fantômes » dit-elle. Le Liban que nous découvrons est en ruine, encore, après qu’un mois de bombardements ait tué des milliers de libanais, ensevelis sous les pierres. Le film montre les ravages d’une guerre, matérialisé par les décombres, mais avec un impact similaire sur les consciences. Un enfant de 13 ans explique qu’il vient de vivre sa deuxième guerre. Et même si un libannais explique qu’ils sont « tous les frères d’un même pays », le liban est un pays plus que jamais divisé. La guerre détruit tout, terrasse même ceux qui ne la concerne pas. Le parcours de cette mère est cahoteux mais guidé par l’espoir. La trajectoire qui est la sienne au coeur de ces ténèbres nous forcera à ressentir toute une palette de sentiments, qui sont les siens. Sous les bombes, la tragédie.

Il y a quelques semaines, nous évoquions le film israélien Beaufort, lequel se plaçait évidement du point de vue des soldats de Tsahal, dans ce même contexte de la guerre de 2006 entre Israël et le Liban. Alors on enfonce une porte ouverte, mais la guerre est terrible pour tous ces protagonistes. Nous avons là encore la preuve. Et Sous les bombes, est un témoignage bouleversant de ces traumatismes lointain et un film qu’il est important de voir.

Benoît Thevenin


Sous les bombes – Note pour ce film :
Sortie française le 14 mai 2008


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