Transformers 2, la revanche (Transformers: Revenge of the Fallen) de Michael Bay (2009)

Avec plus de 300 millions de dollars de recettes au box-office américain, « Transformers » aura été un des triomphe public de l’année 2007. La suite était forcément attendue et inutile de jouer les vierges effarouchées, on sait très bien ce que l’on va voir lorsque l’on a affaire à « Transformers », qui plus est réalisé (toujours) par Michael Bay…

Transformers débute tambour battant par une guerre entre robots à Shanghaï. On ne s’est pas trompé de film et déjà l’argent du budget (300 millions de dollars environ, près de deux fois celui du premier volet), on le voit à l’écran. Transformers est fabuleux pour ça, les effets-spéciaux sont omniprésents et impressionnants. Les fadas du genre apprécieront mais on peut s’interroger aussi sur le fait que se soit là le seul intérêt véritable d’un film. Transformers, plus que jamais, est un film gadget, un produit marketing destiné d’abord à promouvoir les robots Hasbro. De la manière dont il pourrait être résumé, Transformers 2 ressemble d’ailleurs au plus commun fantasme des gamins jouant avec leurs robots : les faire se battre et tout détruire. A l’écran, cela donne une profusion d’explosions, de bâtiments qui s’effrondrent etc. Transformers est une franchise bourrine et ne risque pas de se renier déjà. Au contraire, il assume sans complexe.

Le film est construit en deux parties distinctes. Entre les scènes de casse, Michael Bay revient à son héros, toujours joué par Shia LaBeouf. Cette partie là mélange comédie potache et machisme primaire via le personnage incarné par Megan Fox. L’humour est toujours bas de plafond et tourne essentiellement autour des personnages des parents de Shia, particulièrement la mère (Julie White), laquelle évoque dans ce qu’elle a de plus agaçant le personnage de Marion dans Indiana Jones.

Quant à Megan Fox, ahlalalala oui…, difficile effectivement de rester insensible à sa plastique. Megan Fox est l’atout charme du film et elle est tombée en de drôles de mains avec celles de Michael Bay. Le réalisateur n’a jamais fait dans la dentelle et ce n’est pas lui qui risque de distribuer des rôles profonds aux quelques actrices de ses films.

Michael Bay a un talent pour faire triompher les valeurs les plus machos – c’en est carrément indécent et scandaleux dans un film comme The Island – et il sait rendre grâce à la beauté hors norme de ses actrices. La première apparition de Megan Fox va faire baver la plupart des mecs, et pas seulement les puceaux prépubères, et indique en même temps la tendance et l’esprit du film. Megan Fox, dans une pose calendrier tunning, étale ses courbes sur sa moto. Mais à part la réflexion que tous les mâles se font sans doute tous à ce moment là selon laquelle cette fille est une extra-terrestre, qu’elle n’existe pas, on constate d’emblée le rôle exclusif de potiche dans lequel elle est une fois encore enfermée. Vous me direz, dans cette histoire de robots géants, l’ensemble du casting humain apparaît comme accessoire… Megan Fox n’a donc pas grand chose à défendre, elle fait la moue et les quelques mots qu’elle peut prononcer sont susurrés telle une hôtesse du téléphone rose…

Pour ajouter à la tension sexuelle, Michael Bay nous invente aussi une guerre des miss. A la brune quasi parfaite, s’oppose une blonde sublime (Isabel Lucas), laquelle rappelle Vahina Giocante, mais en moins belle. Ainsi, il se passera finalement près d’une heure à décliner ce schéma là sans que l’espèce d’intrigue autour de la guerre entre les robots n’avance vraiment.

C’est là le gros problème du film, au-delà des reproches habituels dont on peut affubler le travail de Michael Bay. On sera même moins sévère cette fois. Certes, les plans durent rarement plus de trois secondes, mais il y a ce coup ci une certaine lisibilité dans les scènes d’actions, le réalisateur a pour une fois renoncé à monter son film à la mitraillette. Pour autant, Michael Bay reste obsédé par le mouvement. Le cadre n’est jamais fixe, même une banale scène de discussion en champ/contre-champs est filmée en travelling circulaire. Travelling, panoramique, zoom avant/arrière, Steadycam, tous les moyens possibles sont utilisés pour que toujours l’image soit mouvante. Ca ne règle en rien le problème du rythme. Les 2h30 sont bien trop longues et on a du mal à échapper à un certain ennui, d’autant que certaines scènes sensées être drôles sont justes consternantes de débilité.

Transformers 2 titille nos penchants régressifs plus que jamais : on détruit tout, c’est con, et les filles nous étourdissent. Sortit de là, l’intérêt est pauvre mais on attendait pas grand chose (d’autre) de ce film, surtout que les effets spéciaux sont – on l’a dit – largement à la hauteur.

On oublie pas non plus que Transformers est une production Dreamworks, une production Spielberg plus particulièrement. On imaginait déjà très bien à travers le premier volet à quel niveau l’intérêt de Spielberg pour un film destiné d’abord aux gamins se situait. L’influence du réalisateur de Jurassic Park on la retrouve beaucoup ailleurs, et pas seulement via le personnage de la mère de Shia. Non, il y a aussi une quête quasi littérale du Graal avec cette réplique qui tue « des archéologues sont déjà passés par là » ; ou encore cette référence biblique qui renvoie à la transmission des dix Commandements à Moïse au Mont Sinaï. On est certain de déceler là du Spielberg pur jus. Et si pour la seule notion de spectacle Michael Bay se hisse là à un certain niveau, il reste évident que l’ex-poulain de Jerry Bruckeimer est encore loin, très loin de livrer des films qui ont une science aussi pointue du divertissement que chez Spielberg, il est très loin de livrer des films qui ont autant de classe.

Transformers 1 était particulièrement irritant parce que le film n’était pas seulement stupide, machiste et régressif, mais se portait aussi en étendard d’un cinéma de divertissement dans tout ce qu’il a de plus détestable : débilisant certes mais surtout noyé sous les effets spéciaux, et avec une totale incohérence dans la mise en boîte des scènes d’actions. C’est quand même un peu mieux ici. Le film est encore plus noyé sous les Sfx, les incohérences sont encore légions, les facilités de scénario assez irritantes et le rythme carrément lassant au bout du bout des 2h30 mais… non ce n’est pas ce que Michael Bay à fait de pire jusque là. C’est en tout cas plus sympa que le premier volet et avec ce second opus, Michael Bay nous a au moins adressé la politesse de ne pas exagérer dans son montage, de ne pas chercher à provoquer l’épilepsie. On lui en est gré bien qu’il y ait encore du boulot pour qu’il puisse établir réellement une véritable respectabilité de cinéaste…

Benoît Thevenin

---

Transformers 2, la revanche – Note pour ce film :

Lire aussi :

1. Le Ruban Blanc (Das Weisse Band) de Michael Haneke (2009)
2. Public Enemies de Michael Mann (2009)
3. Michael de Markus Schleinzer (2011)
4. Pearl Harbor de Michael Bay

Publié le mardi 16 juin 2009. . Vous pouvez laisser un commentaire, ou faire un trackback depuis votre propre site.