Mamma Mia ! de Phyllida Lloyd (2008)

Une jeune américaine vit avec sa mère célibataire sur une charmante île grecque. A l’occasion de son mariage, elle décide d’inviter à l’insu de tous les trois amants de sa maman qui pourraient tous être ce père qu’elle n’a jamais connu. Le mariage sera un prétexte idéal à des retrouvailles en tous genres, mais pas seulement…

Pas seulement car le film est aussi le prétexte à un déversement torrentiel de guimauve et de clichés, lequels font assez peu bon ménage. Adaptation d’une comédie musicale parmi les plus populaire dans le monde, il était dit que Mamma Mia ! passerait un jour des planches aux salles. Impossible d’imaginer cependant à quel point on repousse ici les limites du grossier et du grotesque.

Il est déjà diificile d’imaginer que l’équipe du tournage ai eu le privilège de découvrir la Grèce. Les décors ont une affreuses odeur de carton-pâte et les scènes, constamment filmées en surexposition avec une lumière provenant manifestement du plafond du studio, laissent à penser une certaine symbiose entre l’extrême laideur esthétique du film, et le pitoyable des scènes de comédie.

Musicalement, ABBA fait le travail, car les chansons sont effectivement dàs plus efficaces et assez péchues pour donner de l’énergie et l’envie de se trémousser et claquer des mains. Quoique l’on regrette que ces chansons s’enchaînent comme si le juke-box avaient été lancé par le maire du coin pour faire danser la piste du bal populaire. Le DJ n’était pas disponible et n’a pu faire valoir son espérée science du rythme…

Surtout Mamma Mia ! fait prendre cher à ses deux plus grandes stars du casting. Meryl Streep, cheveux au vent et filmée au ralenti , chante bien, bouge comme elle peut mais paraît terriblement empotée, et chacun de ses gestes paraît lourd. Le summum est d’ailleurs atteint en conclusion de Dancing Queen, lorsqu’elle plonge d’un ponton à la manière d’une bombe, les bras enserrant ces genoux contre sa poitrine. Le kitsch absolu et Meryl que l’on imaginait surtout pas se compromettre à ce point. Elle n’est pas vraiment aidée par les personnages de ses amies, toutes deux insupportablement hystériques…

L’autre star à subir violemment le préjudice du film est l’ex James Bond Pierce Brosnan. Il a pour lui d’assurer le minimum, comme le reste du casting masculin du film (Colin Firth, Stellan Skarsgard), relégués pour une fois à des rôles de faire-valoir. Pierce Brosnan est pourtant mis à contribution pour au moins deux séquences de chants ou il n’est manifestement pas du tout à l’aise. Il est alors loin le temps de la décontraction de l’agent 007. La seule a s’en tirer réellement honorablement est sans doute la jeune Amanda Seyfried…

Mamma Mia ! est un naufrage absolu. On a bien conscience qu’ABBA renvoie à un imaginaire kitschissime et ce n’est pas ce qu’on reproche au film. Le kitsch n’est pas un problème en soit, sauf que Mamma Mia ! s’y vautre si grossièrement que toute cette mièvrerie, laquelle trouve d’ailleurs un épilogue consternant pour que chacun des personnages y trouve une raison d’épancher son bonheur d’être là, en est franchement détestable. Quitte à vouloir voir un film fun lié à ABBA, on ne peut que vous recommander de voir ou revoir Muriel de Paul J. Hoggan. C’est kitsh aussi, ça a là également des allures de contes de fées, vous danserez autant au rythme des chansons d’ABBA, mais vous aurez droit alors à un vrai film de cinéma, pas à cette innommable bouillie qu’est Mamma Mia !, à écouter plutôt qu’à voir.

Benoît Thevenin

Mamma Mia ! 1/2

Sortie française le 10 septembre 2010

Lire aussi :

  1. Serbis de Brillante Mendoza (2008)
  2. My Magic d’Eric Khoo (2008)
  3. Eldorado de Bouli Lanners (2008)
  4. The Dark Knight de Christopher Nolan (2008)
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