OSS 117, Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius (2009)

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Héros clé de feu la Quatrième République, pourfendeur du nazisme et homme à femmes invétéré, Hubert Bonisseur de la Bath est envoyé à Rio pour une nouvelle mission mystérieuse et forcément dangereuse…

L’espion OSS 117 est de retour au Brésil. La première fois, c’était en 1967 sous l’oeil d’André Hunebelle. Une autre époque donc. Depuis le personnage a été dépoussiéré, réimaginé et interprété avec une classe et une nonchalance parfaite par l’excellent Jean Dujardin.

Le Caire, nid d’espions apportait une réelle fraîcheur dans le genre très formaté, très consensuel, de la comédie française populaire. Tout le monde n’apprécie pas l’humour très particulier du film, pas franchement sophistiqué il est vrai, mais difficile tout de même de nier la réelle intention artistique développée par Michel Hazanavicius, non pas qu’il révolutionne d’une quelconque manière la façon de faire du cinéma, mais juste parce que sa proposition de metteur en scène est relativement inédite dans le contexte du cinéma actuel, intéressante et plaisante à voir. Le retour d’OSS 117 en 2005 permettait un souffle nouveau, quoi que l’on dise.

Quelques années ont passé et l’équipe Hazanavicius-Dujardin a été reconduite. Dans le monde de l’agent OSS 117, la présidence est désormais assurée par Charles De Gaulle, mai 68 n’est pas encore venu bousculer l’ordre établit et OSS est devenue une sorte de légende, malgré ses frasques et ses tares.

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Dans Rio ne répond plus on devine d’emblée que tout a été vu en plus grand : plus de moyens, une volonté d’être encore plus drôle etc. Et la recette fonctionne plutôt bien. Michel Hazanavicius, comme lors du précédent volet, adapte le style de la mise en scène à l’époque dans laquelle se situe l’action du film. On sent qu’il s’amuse et cela donne un certain cachet à l’ensemble. On retrouve donc une ambiance typiquement 60’s qui ne devrait pas manquer, à tord ou à raison, d’induire quelques comparaisons entre les aventures potaches de l’agent secret de Sa Majesté Austin Powers et celles du très français agent secret OSS 117.

Quoique… « Potache » n’est pas vraiment le qualificatif approprié pour rendre compte de l’humour d’OSS. Encore plus que dans le premier volet, OSS fait rire par ses blagues racistes, discriminantes, humiliantes ou misogynes. Ca ne pourra donc pas amuser tout le monde, c’est une certitude. En même temps, ceux qui n’ont pris aucun plaisir avec Le Caire nid d’espions, n’ont aucun intérêt à accompagner Hubert Bonnisseur de la Bath jusqu’aux plages de Rio.

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L’humour misogyne est évidemment central au film. La victime principale des allusions douteuses d’OSS va être une très belle agent du Mossad (Louise Monot). Celle-ci, trop sexy pour être un agent de terrain, est d’abord confondue avec la secrétaire. Un classique qui fait pourtant mouche. La nouvelle OSS Girl va concentrer d’autant plus les blagues d’Hubert que ce dernier ne maîtrise pas grand chose des logiques géopolitiques et s’ingénie avec délice à réciter le catalogue des clichés antisémites. On pourrait légitimement penser ça de très mauvais goût mais non, la pilule passe très bien. Il y a une sorte d’équilibre qui est tenu, d’une part par l’interprétation de Jean Dujardin, et aussi bien sûr parce que tout ça fait partie du personnage. Et il y a belle lurette que l’on a compris qu’OSS est un « crétin irresponsable », pour reprendre l’expression d’Octave dans 99F, un personnage qu’incarnait déjà Dujardin.

Rio ne répond plus est particulièrement efficace dans sa première partie, avec des scènes qui risquent fort de devenir rapidement cultes, notamment une répartie imparable dans une scène à l’hôpital, ou encore une scène d’orgie sur la plage. Le film s’essouffle un petit peu ensuite, mais l’on continue de rire (la séquence de catch, Robin des bois etc).

Le scénario ultra-prévisible ne nuit en rien au film. L’accent est mis, plus que dans l’épisode du Caire, sur les scènes d’actions, même si l’on convient qu’elles ne resteront pas comme les plus spectaculaires du genre. Au demeurant, Rio ne répond plus remplit parfaitement la mission qui lui était assigné. Le film est drôle, bien rythmé, agréable, réalisé avec la volonté manifeste de bien faire. On ne demande rien de plus, sauf peut-être un troisième volet, car on sent bien qu’il y a avec ce personnage le potentiel pour une belle franchise. Tant que Dujardin et Hazanavicius (ainsi que Jean-François Halin, son compère à l’écriture du scénario) seront aux commandes, on aura en tous les cas toute confiance.

B.T


OSS 117, Rio ne répond plus ****

Sortie française le 15 avril 2009

Lire aussi :

  1. OSS 117 : Le Caire, nid d’espions de Michel Hazanavicius (2006)
  2. La Classe américaine de Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette (1993)
  3. Daniel y Ana de Michel Franco (2009)
  4. The Artist de Michael Hazanavicius (2011)
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Aucun commentaire sur “OSS 117, Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius (2009)”

  1. Vlad dit :

    Coucou,

    J’ai récemment découvert et aimé le premier volet comme tu as pu le lire sur mon blog (d’ailleurs merci pour ton commentaire :) ) et j’ai hâte de découvrir cette suite en espérant ne pas être déçu car malgré une apparente légèreté, le premier film plaçait la barre très haut tout de même au point que ça va être dur pour la franchise de réellement se renouveler.

    Vlad

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