The Homesman de Tommy Lee Jones (2014)

Près de dix ans après Trois enterrements (doublement primé à Cannes en 2005, par un prix d’interprétation et par le prix du scénario), Tommy Lee Jones revient à la réalisation et adapte The Homesman, roman de Glendon Swarthout publié en 1988.

Sans éventer la fin de cette histoire bien construite et aux enjeux dramatiques assez simples, juste pouvons nous commencer par dire que l’une des dernières séquences confronte le personnage joué par Tommy Lee Jones à un autre interprété par Hailee Steinfeld. L’apparition dans The Homesman de cette jeune actrice encore méconnue permet d’une certaine manière de relier le western de Tommy Lee Jones à  celui des frères Coen réalisé en 2010 (True Grit) et dans lequel Hailee tenait le premier rôle. Si l’on peut relier ainsi les deux métrages, c’est parce que Mary Bee, l’héroïne de Tommy Lee Jones incarnée par Hilary Swank, est une sorte de grande soeur de Mattie Ross (Hailee Steinfeld dans True Grit). Ces deux personnages détonnent dans le genre macho par excellence du western. Elles sont deux héroïnes au caractère fort, plus courageuses que les hommes autour d’elles.

L’histoire est simple. En 1855, trois mères infanticides et jugées folles sont bannies du village dans le Nebraska ou vit Mary Bee. Cette dernière, un peu garçonne, au caractère dur, vit mal de vivre seule sans personne pour l’aimer, et encore moins pour l’aider à travailler ses terres. Elle se porte volontaire devant une assemblée d’hommes lâches pour escorter elle même les trois maudites vers le lointain Iowa. Sur son parcours, elle sauve le malheureux George Briggs (Tommy Lee Jones) de la pendaison. En échange, ce dernier accepte d’accompagner Mary Bee dans son long périple.

Le récit est relativement pauvre en péripéties. Cette histoire est d’abord celle de Mary Bee et la relation qu’elle tente de créer avec le vieux George Briggs. Les trois bannies qu’ils convoient sont mutiques et totalement passives. Elles ne semblent même pas remplir dans le récit une fonction symbolique. C’est dire si elles ne sont qu’un prétexte au dialogue intime entre Mary Bee et George.

Tomme Lee Jones filme cette histoire entre levé et couché de soleil. La cadre est assez idyllique, carte-postale même, et chaque personnage est parfaitement stéréotypé. George Briggs a beau être un petit brigand promis au destin de pendu, il se révèle aux côtés de Mary Bee un vieux cowboy finalement très sympathique. Tommy Lee Jones s’octroie ainsi le beau rôle, quand bien même l’idée derrière le film consiste à dénoncer la misogynie des pionniers américains et rendre hommage à celles victimes de ces hommes, devenues folles ou restées seules. Le pari est plutôt réussi, même si le constat final est cruel, car la misogynie triomphe. En même temps, on ne réinvente pas la grande Histoire. Le film de Tommy Lee Jones offre en tout cas une jolie représentation, amère et suffisamment à contre-courant du genre pour être intéressante et notable.

 

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