Gatsby le magnifique (The Great Gatsby) de Baz Luhrmann (2013)

 

Le pari d’une adaptation de Gatsby, le magnifique par Baz Luhrmann ne parait pas immédiatement judicieux. On devine quand même ce qui a pu séduire le cinéaste. Mais parce que son cinéma est outrancier et mégalo, Luhrmann est l’exemple même de celui qui divise et qui a besoin de convaincre.

En entreprenant l’adaptation du roman de Fitzgerald, Luhrmann trouve un écrin fabuleux pour mettre en scène la passion et la tragédie amoureuse, thèmes qu’il a su transcender à sa manière avec Romeo + Juliet (1996) et Moulin Rouge ! (2001).

Si la dimension tragique du roman est évidente, Fitzgerald lui privilégie une certaine critique sociale et parvient à une émotion subtile, plus volontiers mélancolique que mélodramatique. Avec sa version, Luhrmann dépoussière le roman tout en lui restant absolument fidèle, mais il n’est pas du tout dans le même esprit que Fitzgerald.

Le cinéaste australien n’a pas peur de la démesure. Son Gatsby se résume en fait a un assemblage de séquences quasi théâtrales, dans des décors surchargés et où les personnalités elles-même débordent. Le raffinement n’est pas ici franchement caractéristique des relations entre les personnages.

Le foisonnement visuel, réel mais agressif, épuise même assez rapidement. Dans ce contexte, les acteurs se battent pour exister. DiCaprio impose son charisme naturel, offre même un peu plus que ça par son jeu tout en nuance. Il ne trouve en revanche pas de partenaire à sa mesure. Carey Mulligan incarne mal Daisy, qu’on aurait aimé un peu plus séductrice et ambigüe. L’actrice minaude un peu, mais elle est surtout effacée et pale. Les autres personnages n’existent eux quasiment pas, exception notable de Joel Edgerton (Tom Buchanan), dont le face à face avec DiCaprio produit quelques étincelles.

Ca ne suffit pas à rendre consistant un film long qui promet l’ivresse mais ne nous permet pas de l’atteindre. La bande-son, pourtant solide, n’a pas non plus d’effet euphorisant comme ça pouvait être le cas dans le déjà très baroque Moulin Rouge ! La grande différence entre les deux films est sans doute que Moulin Rouge !, dans sa passion, ses excès et ses audaces, parvenait à émouvoir. Gatsby a beaucoup plus de peine à nous offrir le même résultat. L’esthétique toc et le trop plein d’effets visuels déchargent cette histoire de toute son émotion. et l’empathie pour le bon Gatsby n’est pas évidente. Le tragique de son destin ne paie pas. Luhrmann noie ses intentions dans les artifices, comme cette 3D qui offre certes de la profondeur à l’image mais ne se justifie sinon en rien. Il manque de la magie, de l’ensorcèlement, et une vraie légèreté, quelque chose qui nous emporterait. Au lieu de ça, ce Gatsby est sans âme, artificiel, et parfois écoeurant.

Lire aussi :

  1. Lenny and the kids (Go get some Rosemary) de Joshua et Benny Safdie (2009)
  2. Les Murmures du vent (Sirta la gal ba) de Shahram Alidi (2009)
  3. Après lui de Gaël Morel (2007)
  4. Running among the clouds (Davidan dar mian abr-ha) de Amin Farajpoor
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2 commentaires sur “Gatsby le magnifique (The Great Gatsby) de Baz Luhrmann (2013)”

  1. selenie dit :

    Pas du tout d’accord (pour une fois)… Au contraire l’émotion je l’ai trouvé bien présente. En ce qui concerne la 3D je ne connais de toute façon aucun film dans lequel ce gadget est nécessaire… Bref un très bon film… 3/4

  2. Axel dit :

    Tout à fait d’accord avec toi et pourtant je n’avais pas lu ta critique avant de voir le film. Je suis pourtant un fan de Moulin Rouge, mais ici, ni la grandiloquence ni la relation entre Gatsby et Daisy m’ont touché. En revanche, il reste la confirmation que Di Caprio est un excellent acteur.

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