Zarafa de Rémi Bezançon et Jean-Christophe Lie (2012)


Avant de commencer son parcours de cinéaste avec Ma vie en l’air en 2003, Rémi Bezançon avait écrit, dès 2001, une première version du scénario de Zarafa. Il ne se sentait alors pas prêt à diriger un projet d’animation. Près de dix ans après, et avec le concours précieux de Prima Linea Productions et l’un de ses animateurs Jean-Christophe Lie, le film voit enfin le jour.

L’histoire est adaptée d’un fait historique réel. En 1826, à l’époque de la Restauration, le Pacha Egypte souhaite améliorer ses relations avec la France sur laquelle règne alors Charles X. Le sultan fait envoyer en cadeau au Roi une girafe, animal encore largement inconnu à l’intérieur du Royaume de France, et dans le but d’enrichir la toute nouvelle Ménagerie du Jardin des plantes à Paris.

Bezançon a imaginé à partir de là la belle histoire d’amitié entre Maki, un enfant africain, et Zarafa la girafe. Raconté sur le mode du conte, Zarafa constitue à la fois une fable et une formidable aventure. Le film se situe quelque part entre Kirikou, pour le côté conte africain, d’autant que le héros est un enfant ; et les films de Sylvain Chomet, pour l’animation et ses personnages quelque peu déguingandés.

Le film évite tout écueil moralisateur ou mièvre. Le premier plan, qui surprend par sa violence, suggère déjà l’idée d’un certain sérieux. Zarafa est une fable qui véhicule des valeurs mais qui rend compte aussi d’une réalité historique dure. Maki est d’abord une victime de l’esclavage en Afrique. Le Roi Charles X et sa cour sont eux croqués avec une ironie gentiment mordante. Le contexte historique du récit est en tout cas suffisamment bien dessiné pour faire de Zarafa, pas seulement un dessin-animé aventureux, mais aussi une oeuvre intéressante qui peut servir de support pédagogique. Les films d’animations qui proviennent des grands studios à l’heure actuelle ne respectent pas toujours l’intelligence de leurs jeunes spectateurs, alors la remarque mérite d’être soulignée.

Réalisé en Cinémascope et en animation 2D traditionnelle, Zarafa est aussi un magnifique spectacle qui offre des décors somptueux et très divers : le désert africain, le port égyptien, la montagne enneigée, les rues de Paris, tout est très finement dessinée et est un ravissement pour les yeux.

Très bien rythmé, avec des personnages forts (qui empruntent pour certains les traits quasi exacts de leur comédien de doublage, en particulier en ce qui concerne celui du méchant de l’histoire, Moreno, par Thierry Frémont), Zarafa est un film attachant, drôle, émouvant et une très belle surprise ; le genre de film idéal que parents et enfants peuvent partager ensemble.

Benoît Thevenin

Zarafa ****

Sortie française le 8 février 2012

Lire aussi :

  1. L’Homme à la Gordini de Jean-Christophe Lie (2009)
  2. Les Chansons d’amour de Christophe Honoré (2007)
  3. Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet
  4. La Cité de l’indicible peur (aka La Grande Frousse) de Jean-Pierre Mocky
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