My week with Marilyn de Simon Curtis (2011)

Le Prince et la danseuse n’est pas vraiment le film le plus connu dans lequel a joué Marilyn Monroe, et pas davantage pour ce qui est de son partenaire (et réalisateur du film) Laurence Olivier. Ce long-métrage tourné en 1956 est pourtant l’un des derniers que la star a tourné, et il apparait dans sa filmographie entre Sept ans de réflexion (1955) et Certains l’aiment chaud (1959), deux de ses films restés les plus fameux. Laurence Olivier, monstre sacré du cinéma, souhaite alors diriger la plus célèbre actrice de l’époque, Marilyn Monroe, à ce moment là quasiment au firmament.

Simon Curtis reconstitue avec My week with Marilyn une semaine du tournage de ce film qui marqua ainsi la rencontre entre ces deux immenses stars du cinéma. Le scénario est basé sur le récit de Colin Clark (Eddie Redmayne), un obscur anonyme, troisième assistant de Laurence Olivier sur ce tournage, et qui publia en 2004 ses souvenirs de sa semaine au plus près – et dans la fascination – de Marilyn.

On notera, après un passage sur IMDB, que Colin Clark n’est pas crédité au générique du Prince et la danseuse, pas plus qu’il n’a travaillé sur d’autres films après. Son histoire, un demi-siècle plus tard, est peut-être pure fabulation. Qu’importe, la seule chose importante, comme pour n’importe quel film, est de croire à ce qui est raconté. A ce titre, c’est la façon dont Marilyn Monroe est incarnée à l’écran qui suscite la première curiosité.

En l’occurrence, Michelle Williams est une Marilyn épatante. On ne parlera pas de mimétisme, mais elle endosse le costume de Marilyn avec une sorte d’évidence, comme si le rôle était taillé pour elle.

Le film n’est cependant pas intéressant pour la façon dont il est mis en scène, mais plutôt par la manière dont Marilyn apparait. La comédienne est d’abord vue comme une ravissante idiote, une ingénue incapable de jouer et qui suscite l’agacement de son réalisateur et partenaire Laurence Olivier (Kenneth Branagh). Celui ci, comme tous les autres hommes présents sur le plateau, est ému par le charme de l’actrice. Il en convient même assez clairement. Toute mariée qu’elle est avec Arthur Miller – et époux lui-même de Vivien Leigh (Julia Ormond) – il espère bien séduire celle qui est déjà la plus grande star de l’époque.

Quand Marilyn arrive sur le plateau, il y a un temps de suspension. Tout le monde est en extase face à elle. Ce que le film semble montrer dans un premier temps, c’est que Marilyn n’en est là que par ce qu’elle dégage, plus que par le fait de son seul talent, tellement méprisé par Olivier, et même tourné en ridicule via son rapport à sa « coach » Paula Strasberg.

Peu à peu, le personnage se découvre cependant, au contact de Colin Clark notamment. Marilyn a besoin d’être rassurée toujours et révèle une sensibilité extrême. Elle est perturbée par sa relation avec son mari, l’écrivain Arthur Miller, qu’elle soupçonne de ne pas croire en elle. Elle trouve au contraire du réconfort chez Colin, qui est totalement conquis et prend soin d’elle. Les deux faces de Marilyn apparaissent ainsi, celle de la Marilyn Monroe icône glamour que le public aime, celle de Norma Jean Baker, la gamine naïve et complexée qu’elle est toujours restée. Une scène appuie d’ailleurs cette idée, quand la fragile Norma Jean se métamorphose en une fraction de seconde et pose en Marilyn glamour pour les photographes qui se précipitent sur elle.

Le film a pour lui d’être idéalement interprété. Le casting est luxueux et chacun fait le job (autour de Michel Williams, Kenneth Branagh, Julia Ormond, Judi Dench, Dominic Cooper, Derek Jacobi, Emma Watson etc.). La reconstitution est également très soignée, qui donne un aspect presque pédagogique au film. My week with Marilyn éveille la curiosité, donne envie de voir ou revoir Le Prince et la danseuse. Pour autant, on doute de l’intérêt à sortir ce film en salle. My week with Marilyn ne dépasse jamais le cadre d’un téléfilm de luxe, à l’exemple d’un Citizen Welles (RKO 281) par exemple, réalisé par Benjamin Ross en 1999 pour la chaîne HBO. Du reste, c’est exactement ça : My week with Marilyn a été produit par BBC Films, avant que Harvey Weinstein ne s’en mêle et offre au film une stature d’Oscarisable. Le plan a été respecté, Michel Williams obtenant le Golden Globe de la meilleure actrice dans une comédie ou comédie musicale, avant une nomination aux Oscars 2012 (Kenneth Branagh aussi fût nommé). Ca ne change rien à la facture du film : un très beau casting, une réalisation très académique et sans aucun parti pris, un scénario bien écrit mais quand même très en surface de son sujet. Marilyn aura sans doute un vrai biopic pour elle un jour, et on se dit juste qu’il est dommage que la « cartouche » Michelle Williams ait déjà été utilisée pour un tel film, lisse et finalement anecdotique. Michelle Williams parait en effet la comédienne idéale pour le rôle, même s’il est vrai que Scarlett Johansson serait sans doute très crédible aussi en Marilyn…

Benoît Thevenin

My week with Marilyn **1/2

Sortie dans les salles françaises le 4 avril 2012

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2 commentaires sur “My week with Marilyn de Simon Curtis (2011)”

  1. selenie dit :

    Pour moi ça reste un très beau film, outre le témoignage dur le tournage du film ça reste un beau film sur les fêlures de Marylin. Michelle Williams est épatante… 3/4

  2. Patricia dit :

    j’ai trouvé Michelle Williams extraordinaire, elle prend la lumière, elle illumine et elle est super belle !!! je préfères une nana pas trop connue pour un role de star plutot que Scarlett Johansson qui elle, l’est déjà …c’est plus facile de trouver Marylin tout de suite !!! Il y a beaucoup d’émotions dans ce film entre une Marylin et sa fragilité et un Colin Clark qui devient un homme en deux jours !!…j’ai aimé ce duo attendrissant

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