Le Bal des actrices de Maïwenn Le Besco (2007)

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Dans son premier long-métrage, Pardonnez-moi, Maiwenn se mettait à nue, livrait en catharsis sa douloureuse histoire personnelle avec son père. Le film était courageux, passionné et fort. Sa détermination, Maïwenn l’a gardée intacte mais la transmise aussi à toutes les actrices de son bal. Le film est osé mais délicieux.

La séquence pré-générique, une scène de famille entre Maïwenn elle-même, Joey Starr et leur fils, donne le ton du film. On rit aux éclats et l’on comprend vite que l’on aura affaire à un film assez peu banal, tout en décalage, en dérision.

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Le dispositif du film est ensuite énoncé rapidement. Maïwenn déjeune avec un producteur et lui explique le film qu’elle souhaite réaliser : un documentaire sur les actrices, ponctué de séquences oniriques ou elles chanteraient. La réalisation est fondée sur un principe identique à Pardonnez moi. Comme dans son précédent film, Maïwenn se met en scène en train de filmer avec un petit caméscope les confessions de ses proches, d’actrices en l’occurence. Et comme pour Pardonnez moi, il est important de préciser que sous ses allures authentiques et réalistes, le film a bien un scénario, des dialogues écrits et n’est donc que fiction.

La confusion est facile à entretenir puisque chacune joue son propre rôle : Karine Viard, Karole Rocher, Marina Foïs, Mélanie Doutey etc. jouent les rôles de Karine Viard, Karole Rocher Marina Foïs et Mélanie Doutey… Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces actrices ont été tout de même assez courageuses pour se lancer dans pareille aventure. L’amalgame sera vite fait malgré tout puisque dans ce film aucune ne porte le nom d’un personnage. Ainsi, les actrices se mettent à nues, laisse tomber des masques sans que rien ne les protège sinon l’humour constant du film, sa joie de vivre, son caractère cynique et tout en dérision. On rit vraiment beaucoup.

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Les actrices sont montrées volontairement sous leurs mauvais jours : elles ne sont pas mises en valeur, c’est même tout me contraire. Le personnage de Marina Foïs est filmé en train de subir une injection de botox ; Karine Viard est elle montrée en train de traire une vache. Elles ne sont pas filmées dans la lumières et se laissent aller à des comportements qui ne correspondent en rien aux images qui sont habituellement véhiculées partout des artistes. Elles sont montrées dans toutes leurs fragilités, leurs doutes, leurs excentricités. Elles sont narcissiques, jalouses, inquiètes, névrosées. Le personnage de Charlotte Rampling confie même au début du film qu’il faut être névrosée pour faire ce métier.

La peinture faite du milieu est sans doute proche d’une certaine réalité, pas forcément personnelle à chacune de ces actrices mais plutôt des mentalités qui luttent dans ce milieu ou toutes les apparences sont trompeuses. Ce qui fait que le film fonctionne parfaitement, c’est que Maïwenn ne se ménage pas elle même. Elle est une mère un peu absente, une artiste assez snobe etc. Et elle aussi se prendra quelques vérités qui blessent dans la tronche.

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Finalement, celui qui s’en tire le mieux est Joey Starr. Malgré les piques que lui lance Maïwenn, il est un personnage absolument délicieux, un père respectueux, un mari amoureux, un mec qui a les pieds sur terre et un certain sens des réalités. Il est lui aussi ici à mille lieux de cette image un peu violente qu’on lui colle toujours. A mille lieux de sa précédente apparition au cinéma dans Passe-Passe de Tonie Marshall. Il y jouait un personnage très colérique et assez tétanisant dans ses accès de haine.

On l’a compris, chacun(e) est montré sous un jour qu’on ne lui connait pas. Quelle est la part de réel, on ne le sait pas et on ne veut pas le savoir. Le Bal des actrices est juste un excellent film, très drôle – dans ma salle, complète, les spectateurs riaient souvent aux éclats – et un portrait intéressant, caustique et sans concession de ce petit microcosme.

On peut donc saluer encore toutes les actrices du film, toutes formidables. Elles se sont mises dans une drôle de posture et il fallait le faire (ce qu’Isabelle Adjani ou Mathilda May ont refusé par exemple) et elles s’en sortent toutes admirablement.

L’affiche du film – qui rappelle la campagne de pub pour la saison 2 de The L Word – se justifie donc. Elles se foutent à poil et se mélangent dans une drôle de fusion. Maïwen est épatante.

Benoît Thevenin


Le Bal des actrices – Note pour ce film :
Sortie française le 28 janvier 2009

Lire aussi :

  1. Polisse de Maïwenn (2011)
  2. Pardonnez-moi de Maïwenn (2006)
  3. London to Brighton de Paul Andrew Williams (2007)
  4. Enfances de Yann Le Gal, Isild le Besco, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Ismaël Ferroukhi, Corine Garfin, Safy Nebbou (2008)
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Aucun commentaire sur “Le Bal des actrices de Maïwenn Le Besco (2007)”

  1. Foxart dit :

    Pardonnez moi était déjà formidable et celui ci est le film le plus alléchant du moment… Il devrait même peut-être me tirer de ma tanière pour aller le voir…
    Les plages d’Agnès en preum’s, tout de même…

  2. Axel dit :

    Isabelle Adjani a fait preuve de beaucoup d’humour, de recul sur elle-même hier soir… hum hum…

    http://fr.youtube.com/watch?v=GgdTWiNexms

    C’est le meilleur film que j’ai vu depuis le début de l’année, c’est un peu le seul film que j’ai vu, il faut dire… Très drôle et juste à la fois, Maïwenn emporte tout grâce à sa fraîcheur… Toujours autant de mal à considérer Estelle Lefébure comme une actrice (« hoho, je fais des films de genre et j’embrasse goulûment une fille, je casse mon image, je suis une vraie actrice »), effrayé je fus par Christine Boisson (qu’on me dise qu’elle n’a pas pu faire autrement…), surpris par Joey Starr…

  3. Cécile dit :

    On ne sait jamais sur quel pied danser avec ce film et c’est encore la plus grande force de ce long-métrage. Avec les actrices bien sûr et Joey Starr qui est épatant.

  4. christine anthony dit :

    Un pur délice.Un film original, différent et attachant. Bravo à toutes les actrices et au génie de Maïwenn.

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