Béla Tarr réalise en 1982 une adaptation de Macbeth de Shakespeare pour la télévision hongroise. La pièce est condensée en à peine une heure de programme mais la synthèse lui est fidèle malgré quelques différences plutôt anecdotiques. Ainsi dès la séquences d’ouverture, en plan fixe, ce sont trois sorciers – plutôt que trois sorcières – qui rentrent dans le champs de la caméra avant que Macbeth et Banquo ne les rejoignent.
Cette séquence d’ouverture dure 5 minutes. Un carton pour le titre la sépare du deuxième et unique bloc du film, un plan-séquence sans trucage de 55 minutes. La version de Macbeth par Béla Tarr intrigue pour le défi que s’impose ainsi Béla Tarr, pour ce qui sera bientôt, à partir de Damnation cinq ans plus tard, sa marque de fabrique. Le cinéaste chorégraphie littéralement des plans-séquences amples, dans leur durée et par l’espace dans lequel la caméra se déplace.
Pour l’instant, Béla Tarr expérimente seulement le procédé, avec une caméra qui reste toujours très proche des comédiens, emprisonnés en plans serrés. Ici, l’action est quasiment réduite aux deux personnages principaux, Macbeth et Lady Macbeth, avec peu de place pour les seconds rôles. Béla Tarr choisit de ne pas laisser l’action se déployer trop. On devine un décor étroit, sur deux niveaux, avec cette caméra portée à l’épaule par l’opérateur et qui colle aux acteurs.
Le film a beau être réalisé pour la télévision hongroise, il constitue une oeuvre qui n’a rien d’anodine. Cette commande lui fournit le prétexte à des expérimentations qui font que ce Macbeth annonce et fait la transition avec ce qui fera le reste de l’oeuvre du cinéaste, à partir d’Almanach d’automne en 1984. Auparavant, et dans la foulée immédiate de Macbeth, Béla Tarr réalisera Rapports préfabriqués, un film qui clôturera définitivement sa période réaliste.
Benoît Thevenin
Macbeth
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