Addicted to love (Lao Na) de Liu Hao (2010)

Monsieur Na est un ancien directeur d’usine à la retraite dans la ville de Pékin. Il occupe principalement son quotidien à la garde de son petit-fils, pendant que les parents travaillent et participent à la marche en avant de la Chine. Monsieur Na retrouve un jour Li Ying, une femme qu’il a jadis aimé sans réussir à le lui dire vraiment. Ils commencent à se fréquenter comme dans un flirt adolescent, mais leur relation n’est pas forcément bien considérée par leurs enfants respectifs. Li Ying est atteinte par la maladie d’Alzheimer et Monsieur Na l’aide à exercer sa mémoire par de petits jeux.

Na et Li Ying vivent dans un temps suspendu, presque arrêté, en opposition avec la façon dont la Chine se transforme. Ils ne reconnaissent plus Pekin, qui ne cesse de se transformer sous leurs yeux, et leurs enfants sont trop occupés, à la fois par la politique et par les questions d’argent. Ils n’ont que peu de temps à partager en famille. La différence de tempo est flagrante, mais normale dès lors que les uns sont sortis de la vie active.

Il n’est pas immédiatement question de la maladie d’Alzheimer. On suit d’abord le quotidien du grand-père et il y a quelque chose de charmant qui se dessine en même temps que sa rencontre avec Li Ying. Leur entente trouble leurs enfants, surtout la fille de Li Ying. Addicted to love fait alors penser au Voyage à Tokyo de Yazujiro Ozu, dans lequel là aussi un couple de personnes âgées dérange leurs enfants plus préoccupés par leurs problèmes personnels. Liu Hao ne rivalise guère avec le grand Ozu, mais mise quand même sur un registre pas si éloigné, délicat et subtile. Addicted to love n’a pas la même classe, ne serait-ce que du point de vue de l’image HD qui ne fait vraiment pas le poid avec l’élégance de la mise en scène de Ozu. C’est une vraie limite pour ce cinéma chinois fauché, car on ne s’y fait vraiment pas à cette image lisse et sans âme, qui en plus supporte mal d’être projetée sur un grand écran d’une bonne salle de cinéma. L’esthétique n’est pas au rendez-vous et le cinéma perd comme de son éclat, perd en tout cas en force émotionnelle.

Addicted to love n’en reste pas moins un joli film quand même. Le charme des deux comédiens y est pour beaucoup. Ils sont tellement attachants. Et puis les petits jeux que Mr Na impose à Li Ying, principalement des devinettes du style « De quel couleur est le cheval blanc d’Henry IV ? », censées stimuler les méninges, nous font sourire car elles apportent un peu de fantaisie et de fraîcheur.

Benoît Thevenin


Addicted to love – Note pour ce film :

Réalisé par Liu Hao
Année de production : 2010

Lire aussi :

  1. Le Père de mes enfants de Mia Hansen-Love (2009)
  2. Peace, Love and Misunderstanding de Bruce Beresford (2012)
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  4. [Le Père de mes enfants] Interview avec la réalisatrice Mia Hansen-Love
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