Lord of war d’Andrew Niccol (2005)

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Andrew Niccol, scénariste de The Truman Show et réalisateur de Bienvenue à Gattaca à fait une entrée remarquée et remarquable dans le monde du cinéma.  S1m0ne était un essai sympa mais tellement en deçà ce ces autres films qu’il y avait de quoi déçu.

Lord of war suscitait alors pas mal de questions. La première séquence nous apporte déjà son lot de réponses.

Michael Moore avec Bowling for Columbine l’a parfaitement démontré – sans doute – aux USA, les armes sont une seconde religion.

Un plan séquence – forcément truqué pour le coup – mais tellement fort hisse très haut et d’emblée les couleurs de ce film : toutes les étapes de la fabrication et du parcours d’une balle jusqu’à son utilisation et la mort d’un jeune africain. Le spectateur est déjà pris à la gorge et le film ne va cesser de développer dés lors ce cynisme meurtrier.

Ce cynisme, c’est aussi et d’abord celui de Yuri Orlov (Nicola Cage). Non seulement Yuri est une pourriture qui s’assume comme tel mais en plus Cage injecte une certaine folie mégalomaniaque à son interprétation.

Niccol ne nous épargne rien : Lord of War nous montre l’ascension balbutiante de Yuri. Lorsqu’il traite avec les « méchants », c’est toujours la peur au ventre mais sans jamais se démonter. Il acquiert ainsi une réputation aussi féroce que mythologique. Les trafiquants d’armes ont toujours quelque chose de l’ordre de la mythologie.

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Yuri sait que s’il arrête, un autre prendra sa place, il sait aussi qu’il est fait pour ce job, cette adrénaline. Ce personnage est l’anti-héros par excellence mais il semble fatal de s’attacher a lui. Au final, Yuri a peut-être raison, un autre que lui ferait le même travail mais peut-être pas aussi précautionneusement. Pourtant, par rapport à la vieille école qu’il défie, Yuri Orlov laisse de côté les enjeux politiques et les états d’âmes. Son business consiste à vendre des armes et peu importe à qui.

En parallèle se joue le jeu de cache-cache avec un agent d’Interpol (Ethan Hawk) peut-être aussi tenace et orgueilleux que lui. C’est de cette confrontation que ressort avec encore plus de force le cynisme incroyable de ce film (l’épisode du bateau, l’interrogatoire final etc.)

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Yuri n’est qu’un pion. Il vend les armes que son gouvernement n’ose pas vendre de lui-même. Il est un cancer nécessaire. Sa femme ferme les yeux. Il est un père de famille presque idéal. Pourtant, toute sa famille au sens large va subir le contre pieds des activités de Yuri. Ses parents le rejettent, son frère est anéanti par sa faute et sa magnifique épouse, ses enfants finissent par ne plus voir que le monstre.

Pourquoi Yuri fait-il ça ? Pour l’argent ? Il y a de cela mais ce n’est pas l’unique raison. Yuri est né pour être un seigneur de guerre. Il ne sait rien faire d’autre et il est le seul à le faire « aussi bien ».

La mis en scène d’Andrew Niccol, maligne et sophistiquée ne gâche évidemment rien. Il n’y a ici ni esthétisme à outrance ni montage épileptique. Niccol prend le temps de montrer les choses, de construire ces scènes. Ainsi, l’intensité résulte des enjeux à chaque fois exposés. Pris à la gorge, le spectateur est appelé à un éveil de conscience.


Lord of war – Note pour ce film :
Sortie française le 4 janvier 2006

Lire aussi :

  1. Simone (S1m0ne) d’Andrew Niccol (2002)
  2. L’Interprète (The Interpreter) de Sydney Pollack (2005)
  3. Bienvenue à Gattaca (Gattaca) d’Andrew Niccol (1997)
  4. Time Out (In Time) d’Andrew Niccol (2011)
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