The Poughkeepsie tapes de John Erick Dowdle (2007)

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Poughkeepsie, petite ville tranquille de l’état de New-York. Un tueur en série particulièrement effroyable sévit dans la région à partir du début des années 90. Après la découverte par le FBI de 240 heures d’enregistrement vidéo des meurtres, par le tueur lui-même, un documentaire est réalisé qui tente de retracer le parcours horrifique du tueur.

The Poughkeepsie tapes fonctionne sur le même principe que le fameux Projet Blair Witch. Le film qu’il nous est proposé de voir est, à l’exemple de la sorcière de la forêt de Blair, composé de bandes d’enregistrements soi-disant réelles. Évacuons donc tout de suite tout malentendu : le film est une parfaite fiction, malgré les apparences.

The Poughkeepise Tapes
La confusion a savamment été entretenue, le film s’inspirant pour partie d’un tueur en série réel qui aurait commis ses actes près de Poughkeepsie… mais il ne filmait pas ses meurtres.

The Poughkeepsie tapes est le second long-métrage de John Erick Dowdle, l’homme à qui l’on devra bientôt le remake de Rec., le film d’horreur espagnol de Jaume Balaguero et Paco Plaza. Il n’est pas étonnant que l’on ait proposé ce projet à ce réalisateur, les deux films reposants finalement sur un même principe documentaire et immersif.

The Poughkeepsie tapes est un film assez effrayant et particulièrement malsain. Le tueur est parfaitement insaisissable, choisi ses victimes de manière relativement arbitraire et sans véritable méthode. D’ailleurs, les différents rapports des profilers concernant les meurtres se révéleront contradictoires.

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Le film se construit autour des témoignages des différents enquêteurs, illustrés ensuite par les vidéos du tueurs. Des vidéos d’une qualité assez exécrables, mais qui correspondent à merveille avec l’ambiance générale instaurée par le réalisateur, son impressionnant travail sur le son en particulier. Les témoignages des policiers sont dans un premier temps conçus pour faire monter la sauce. Tous expliquent qu’ils n’ont jamais rien connu d’autant effroyable, un instructeur prévient ses élèves qu’ils risquent d’être traumatisés à jamais par leur métier et qu’ils doivent donc réfléchir à deux fois avant de s’engager. Etc.

La première victime du film est une fillette. Nous sommes prévenus : le spectateur ne sera pas moralement ménagé. On ne voit rien du meurtre en lui même, tout se déroulant hors-champs selon le principe évident qu’il est difficile d’agresser d’une main et de filmer correctement en même temps de l’autre. Le tueur s’attaquera à d’autres fillettes, mais aussi à des couples. Il nous est proposé de voir comment il approche ses victimes selon une savante mise en pression de l’intrigue.

Si le film est malsain, c’est parce qu’en plus de s’attaquer à des fillettes, il fait preuve d’un cynisme absolu. Il séquestrera pendant des années une de ses victimes qu’il transformera en esclave et à qui il fera subir les pires tortures physiques et morales. Exemple de ses jeux : il torture son « esclave » pour lui faire dire qu’elle serait heureuse qu’il s’attaque à sa famille.

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Ce cynisme là est caractéristique du film dans son ensemble. Un des tournant intervient lorsqu’un homme est désigné comme étant le meurtrier. Il est jugé, condamné et exécuté. La date de son exécution : le 9 septembre 2001. Le 12, le preuve de son innocence sera apportée mais personne ne sera jamais mis au courant par cette information, reléguée dans les faits divers les plus anecdotiques du journal local, la faute aux attentats qui monopolisent évidemment l’attention du monde entier. Le vraie tueur, présumé exécuté pour l’opinion, peut donc continuer de massacrer des innocents sans que l’on ne s’inquiète plus vraiment de lui.

The Poughkeepsie tapes n’est donc pas un film à mettre devant n’importe quels yeux. Le film est complètement amorale, d’un cynisme effroyable, d’une froideur toute calculée. Mais pour ce qu’il recherche, c’est à dire terroriser ses spectateurs, le métrage remplit son objectif. La mise en scène est plutôt maligne, et la tension savamment entretenue. Il n’y a pas de scènes gore à proprement parler, et c’est peut-être aussi ça qui dérangera. Le gore a souvent une fonction cathartique, permet aussi de rester dans les clous de la fiction. Ici, tout est fait pour que l’on croie à la véracité de cette histoire. Les frontières sont donc floues et l’horreur peut-être moins facilement supportable aux yeux de certains. Soyez avertis de ce que vous verrez, mais sinon, The Poughkeepsie tapes fait preuve d’une efficacité redoutable.

Benoît Thevenin


The Poughkeepsie Tapes – Note pour ce film :


Lire aussi :

  1. Zodiac de David Fincher (2007)
  2. The Proposition de John Hillcoat (2005)
  3. Des hommes sans loi (Lawless) de John Hillcoat (2012)
  4. Décès du réalisateur américain John Hughes (1950 – 2009)
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3 commentaires sur “The Poughkeepsie tapes de John Erick Dowdle (2007)”

  1. Foxart dit :

    Exactement le genre de film que j’adore… ou que je déteste lol

  2. Foxart dit :

    Euh, bon… j’ai vu la première demi-heure hier soir…
    et je me suis endormi…
    Je vais me faire la suite aujourd’hui mais pour l’instant je trouve ça complétement con, totalement mal foutu et surtout mal joué mon dieu les témoignages, ridicules !!!), pas crédible une seconde et même très souvent risible (le meurtre de la fillette, notamment, on se croirait plus dans « C’est arrivé près de chez vous » lol)
    Et là, sur ce coup j’ai même du mal à comprendre ce que tu écris sur le film…
    Mais bon, je ne l’ai pas vu en entier, un peu tôt pour juger…
    La seule chose positive pour l’instant, c’est cette distortion extrème des images qui crée une certaines eauté visuelle un peu lynchienne… et encore, ça pourrait vite devenir horripilant…

  3. Benoît Thevenin dit :

    J’ai vu le film sans sous-titre, il y a peut-être des choses qui m’ont échappées mais je ne perçois pas trop le côté parodique que tu décris. J’aime bien l’ambiance de ce film, son côté terriblement malsain, voire transgressif…

    Va falloir que je me mette enfin En quarantaine..

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