Harragas de Merzak Allouache (2010)

Principalement connu en France pour ses comédies populaires avec Gad Elmaleh (Salut Cousin, Chouchou), Merzak Allouache réalise avec Harragas un film plus personnel qu’il a tourné dans sa terre natale d’Algérie. Harragas se traduit par «les brûleurs» et désigne ces milliers de candidats à l’exil qui prennent le risque, au péril de leurs vies, de l’immigration illégale en Europe.

Le film est court (1h20) et se déroule pour une assez large partie dans les contours très serré d’un cannot sensé transporter les migrants de Mostaganem aux cotes espagnoles. Harragas déroule le même constat que le film de Tariq Teguia, Rome plutôt que vous. La jeunesse algérienne ne perçoit aucune perspective d’avenir au pays et se montre déterminée à vivre mieux ailleurs, à l’intérieur des démocraties occidentales ou, si les conditions de vies qui leurs sont promises ne sont pas forcément beaucoup plus réjouissantes, l’espoir de se batir réellement un avenir parait accessible. Ce qui frappe, c’est à quel point les personnages sont conscient du danger qui les guette, qui a toutes les chances de les rattraper, sans que cela ne les freine tant ils se sentent acculés et sans aucune autres alternative.

Les nobles intentions de Mezak Allouache sont largement perceptibles mais on constate des personnages un peu trop grossièrement caractérisés. On peut même parler de caricatures. Le récit rend compte quand même d’une véritable complexité, comment les passeurs peuvent se révéler des escrocs etc. Rien de neuf, mais la démarche est honnête, le film quand même assez fort, ne serait-ce parce qu’il ne se laisse pas piéger par ce parti pris d’accompagner au plus près les personnages dans leur embarcation de fortune. Le rythme est bien tenu, il y a quelque chose de l’ordre du Radeau de la méduse, et on se prend assez facilement d’affection pour les personnages. Comme Tarik Teguia, Merzak Allouache clot son film sur une note particulièrement amer. Il ne fait apparrement vraiment pas bon d’être algérien en Algérie en ce moment.

Benoît Thevenin


Harragas – Note pour ce film :
Sortie française le 24 février 2010

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