Frontier Blues de Babak Jalali (2009)

Le réalisateur Babak Jalali est originaire de Gorgan, petit village à la frontière iranienne avec le Turkménistan. C’est là qu’il a choisit de planter sa caméra pour le tournage de son premier long-métrage, Frontier Blues, un projet soutenu par la Résidence de la Cinéfondation.

Le film est une merveilleuse surprise, même si on peut comprendre qu’il puisse laisser de marbre. Frontier Blues ne raconte en apparence rien. Babak Jalili se contente de montrer son village, de dessiner quelques portraits et de capter une ambiance. Reste a trouver la manière de le faire. En l’occurrence, le cinéaste le fait très bien. Le film se voit comme une succession de saynètes, plus ou moins décalées, plus ou moins drôles. Jalali n’a pas la science de la tragicomédie d’un Roy Andersson, ni même d’un Elia Suleiman, et pourtant son travail nous achoppe. Les personnages sont attachants, la répétition des situations jamais lassante, et puis surtout, Jalali capte aussi notre attention par la rigueur qu’il s’impose dans son travail de mise en scène.

Le réalisateur construit ses plans avec une recherche évidente d’équilibre, organisant son espace selon les lignes de forces verticales et horizontales. L’esthétique n’est là aussi pas autant affirmée que chez Elia Suleiman, par exemple, mais cela n’empêche d’aucune manière de constater le soin presque maniaque accordé par le cinéaste à sa mise en scène.

Le film nous touche d’autant plus que la bande-son est magnifique. On ne parle pas spécialement de l’écoute incongrue d’un standard de la chanson française (Tous les garçons et les filles de Françoise Hardy) mais plutôt du thème du film, lequel revient souvent et confère à l’oeuvre une véritable portée émotionnelle (on l’entend dans la bande-annonce ci-dessous).

Le contenu du métrage est lui plus anecdotique mais il n’y a là aucun reproche à faire au cinéaste. Frontier Blues est la chronique attachante de la vie telle que l’a connu Babak Jalali à Gorgan (il vit maintenant, depuis de nombreuses années, à Londres), et surtout un film modeste, ambitieux quand même, et qui laisse présager d’un talent évident et d’autant de promesses. Une belle découverte.

Benoît Thevenin


Frontier Blues – Note pour ce film :

Lire aussi :

  1. Chongqing Blues (Rizhao Chongqing) de Wang Xiaoshuai (2010)
  2. Palmarès du 16e festival des Cinémas d’Asie de Vesoul
  3. Décès de l’actrice américaine Jennifer Jones (1929 – 2009)
  4. Les Murmures du vent (Sirta la gal ba) de Shahram Alidi (2009)
Email

Aucun commentaire sur “Frontier Blues de Babak Jalali (2009)”

  1. Màxim dit :

    j’étais à cette projection bienfaisante pour l’évasion, la poésie, l’onirisme étrange…
    bref je ne sais pas critiquer aussi bien que ce merveilleux site de cinéma…
    cependant je couvre à ma manière le festival, RadioBing étant hors ligne encore un peu, existe le blog http://www.cinemasie.com/fr/

    bien à toi!

  2. Màxim dit :

    erreur, mon blog c’est http://radiobling.canalblog.com
    Cinemasie étant l’œuvre de Gilles!

  3. jeff dit :

    Attention ! Podarok Stalinu n’a rien a voir avec ce film. C’est une grosse coquille du catalogue, le titre original du cyclo d’or en 2009 (un cadeau pour Staline).

  4. Benoît Thevenin dit :

    aah oui effectivement ! C’est vrai que ca sonne plus que bizarre pour du perse.. Merci pour la rectification !

  5. emmanuelle costet dit :

    j’étais aussi à cette projection de Vesoul, ce film m’a vraiment « balladée »… et voilà,
    on va le projeter au prochain festival Ayeaye de Nancy, dans notre section « Orient-express »!… rendez-vous le 3 septembre prochain!…
    venez visiter http://www.ayeaye-vo.com !!
    ps: je suis d’accord avec toi, il a de l’avenir, Babak!!

Laisser une réponse