Max et les maximonstres (Where the wild things are) de Spike Jonze (2009)

La date de sortie (16 décembre) de Max et les Maximonstres, et le fait qu’il soit l’adaptation d’un livre jeunesse de Maurice Sendak, laissent présager d’un métrage avant tout destiné aux enfants et calibré pour Noël. Ce serait ignorer que Spike Jonze en dirige la mise en scène. L’autre petit génie transfuge de l’univers du clip (avec Michel Gondry) est garant d’une fantaisie et d’une poésie singulière. A l’image de son cinéaste, Max et les Maximonstres dissimule par son originalité et son caractère atypique une fragilité et une mélancolie bouleversante.

Max est un garçon très imaginatif et turbulent, qui souffre de l’éclatement de sa famille. Son refuse, c’est son imagination débordante, une idée guère originale en soi. L’enfant croit manquer d’affection et fuit un jour sa maison pour se retrouver sur une île perdue au milieu de nul part, peuplée d’étrange créatures en proies eux aussi à quelques problèmes existenciels.

Le monde des Maximonstres est un monde étonnant, étrange mais séduisant. La preuve, Max s’y épanouit. Il s’y amuse, se trouve des amis et est considéré comme le roi. Mais si le film est si riche, attachant et émouvant, c’est parce qu’à l’envers des préjugés éventuels, ce petit monde cohabite dans une fausse insouciance.

Les fêlures chez les maximonstres valent celles des adultes du monde réel. Max va, au contact des maximonstres, reçevoir une leçon de vie, humble mais nécessaire. L’enfance n’est jamais complètement douce, pas même lorsque l’on est enfant. Spike Jonze réussit avec beucoup de tact et de lucidité un film lumineux mais teinté d’une mélancolie salvatrice.

On peut raisonnablement penser qu’il n’y avait que lui pour mettre en scène une histoire aussi simple, aussi originale et si pleine de sens. Le film redonne à l’imagination tout son pouvoir.

Les maximonstres, pelluches géantes et pleines de vie, sont peut-être plus humains que les humains. Bonheur, doutes, jalousies, déceptions les animent eux aussi. Ce monde simple dans ses formes, complexe dans son fonctionnement, est faussement merveilleux mais un paradis de vie quand même. On s’y réfugie pour mieux admettre que nos vies puissent être boiteuses, tout enfant que l’on soit, ou que l’on se souvient avoir été.

Benoît Thevenin


Max et les maximonstres – Note pour ce film :
Sortie française le 16 décembre 2009

Lire aussi :

  1. Into the wild de Sean Penn (2007)
  2. Les Bêtes du sud sauvage (Beasts of the southern wild) de Benh Zeitlin (2012)
  3. L’Emploi (El Empleo) de Santiago Bou Grasso (2009)
  4. Air Doll (Kuki Ningyo) de Hirokazu Kore-Eda (2009)
Email

4 commentaires sur “Max et les maximonstres (Where the wild things are) de Spike Jonze (2009)”

  1. J’ai beaucoup aimé et je pense vraiment qu’il faut emmener les petits voir ce film!

  2. Axel dit :

    Un film sensible, touchant. Pas si sûr que les petits accrochent, à cause du rythme du film notamment. Assurément dans mon top 15. (La respiration de James « Tony Soprano » Gandolfini m’avait manqué, on peut y voir des passerelles avec le cinéma de Michel Gondry…)

  3. Benoît Thevenin dit :

    Oui je suis entièrement d’accord. Dans la première version de mon article, j’axais mon propos sur le rapport entre Jonze et Gondry, comment leurs univers coïncide et comment Max pouvait prendre ds la filmo de Spike la place de la Science des rêves dans la filmo de Michel. Mais j’avais l’impression d’enfoncer des portes ouvertes et d’être en plus maladroit dans ma façon d’en parler. Content que tu l’évoque

    Et moi aussi je ne pense pas vraiment que ce soit un film pour les gosses.

  4. Vance dit :

    Tout à fait d’accord. Film sensible et adaptation osée. Pour y avoir emmené ma classe, je peux affirmer que les élèves ont plutôt adhéré, ont ri et ont été touchés.

Laisser une réponse