Reservoir Dogs de Quentin Tarantino (1992)

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« Like a Virgin, c’est l’histoire d’une fille qui tombe sur un type avec une grosse bite ». La mémorable ouverture de Reservoir Dogs signe une entrée fracassante dans le monde du cinéma de Quentin Tarantino jeune cinéaste américain audacieux, provocateur et incontrôlable qui affirme d’emblée sa liberté de ton et son enthousiasme inébranlable. Reservoir Dogs est sélectionné au festival de Sundance et suscite immédiatement une certaine frénésie.

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Sept truands autour d’une table d’une modeste cafétéria débattent en toute décontraction du sous-texte des chansons de Madonna, puis de la légitimité à abandonner un pourboire à la serveuse. En quelques minutes, Tarantino prend ses distances avec le film de gangsters traditionnel. Les malfrats sont tirés à quatre épingles mais volontiers bavards et minables. Et puisque l’un d’eux est incarné par Harvey Keitel, on ne peut qu’acter rapidement la singularité du style de Tarantino par rapport au réalisme des films de Scorsese. Les deux cinéastes ont en commun un amour fusionnel pour le cinéma, mais leurs cultures de la rue n’est manifestement pas emprunte des mêmes références. Tant mieux, on ne souhaite pas assister à l’éclosion d’un nouveau Scorsese, les photocopies n’ont jamais autant de valeurs que les originaux et avec Tarantino, on n’a aucune peine à remarquer au premier coup d’oeil son originalité.

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La séquence inaugurale est interrompue par le générique qui tout de suite s’enchaîne par une séquence nerveuse, laquelle tranche radicalement avec l’ouverture. Keitel pilote une voiture en fuite avec sur la banquette arrière un Tim Roth ensanglanté car percé par une balle. On apprendra vite un peu plus tard que les malfrats de la scène d’ouverture ont osé le braquage d’une bijouterie et que l’affaire à très mal tourné. Les flics semblaient les attendre… Qui les à balancer ? Tarantino s’ingénie à déconstruire la fluidité traditionnel du scénario. L’idée est assez brillante car elle va constituer beaucoup de l’intérêt de Reservoir Dogs, conférer un rythme et une énergie qui collent finalement très bien avec la décontraction constatée dans les premières secondes du métrage.

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Tarantino réinvente la figure du braqueur mais presque malgré lui, juste parce qu’il a dans l’idée un cinéma pop’ et aucune ambition de réalisme. Tarantino fait le spectacle, c’est là sa seule idée, d’ou des dialogues étirés mais jouissifs et une violence gratuite débridée mais assez exagérée pour suciter assez peu d’écoeurement. Tarantino est dans une cour de récré, il s’amuse et son cinéma n’a d’autre vocation que d’être fun et divertissant. Pour cela, le cinéaste fait appel à quelques éléments de cultures urbaines, des morceaux de musiques souvent méconnus, des références personnelles plus ou moins perçues immédiatement mais qui constitueront bientôt là aussi l’essence même de sa conception du cinéma. Les gangsters utilisent des noms de codes à l’exemple des Pirates du métro de Joseph Sargent et le scénario et les scènes d’actions vers la fin du film sont largement empruntent à City on fire de Ringo Lam. Mais quand Reservoir Dogs sort, il ne sont pas nombreux à connaître le polar urbain avec Chow Yun Fat. Tarantino aura permis au film hongkongais de se faire connaître d’un plus large public.

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C’est aussi là la signature de Tarantino, son cinéma est un melting pot de cultures, savamment mélangées, ingurgitées et référencées. Ce style fourre-tout et débridé correspond assez bien à la société des années 90. Ca tombe bien, Reservoir Dogs nous parvient en 1992, et Tarantino aura effectivement le temps de marquer très largement le cinéma de cette décennie. Reservoir Dogs donne un coup de pied dans la fourmilière du cinéma indépendant, Miramax et les frères Weinstein sont à l’aube d’un gigantesque empire et divers réalisateurs émergeront qui lui devront beaucoup…

Benoît Thevenin


Reservoir Dogs – Note pour ce film :

Sortie française le 2 septembre 1992

Lire aussi :

  1. Pulp Fiction de Quentin Tarantino (1994)
  2. Quentin Tarantino
  3. Inglourious Basterds de Quentin Tarantino (2009)
  4. Kill Bill : volume 1 de Quentin Tarantino (2003)
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Aucun commentaire sur “Reservoir Dogs de Quentin Tarantino (1992)”

  1. Vlad dit :

    Un chef d’oeuvre de Tarantino ^^ J’ai passé un très bon moment devant ce film.

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