Kill Bill : volume 1 de Quentin Tarantino (2003)

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Kill Bill est donc le quatrième film de Quentin Tarantino avec toujours cette disposition à prendre tout le monde à contre-pieds ; sa colossale cinéphilie est avérée. Ce qui le botte plus particulièrement, c’est la confidentialité de certains types de cinéma. Les blockbusters, bien que Kill Bill s’apparente à en être un, ne semblent pas être tout à fait sa tasse de thé. Tarantino déguste de la série B, voire Z, ou le cinéma d’auteur type Nouvelle vague française – pour ceux qui l’ignore encore, le nom de sa société de production, Band Apart, fait référence à un film de Godard période pré Pierrot le Fou (sa plus fameuse), Bande à part.  Il apprécie l’ingéniosité et la créativité de ceux qui font du cinéma avec trois bouts de ficelles et une liberté d’expression totale. On ne va pas faire là l’inventaire des multiples hommages que le cinéaste distille dans son nouvel opus. Toutes les revues de cinéma se sont amusées à le faire…

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En revanche, on est en droit de reconnaître la marque de fabrique Tarantino. Kill Bill est d’abord une profusion de violence gratuite, d’ingéniosité visuelle, de mélange des genres, de tirades verbales et de casting 6 étoiles…  Le scénario est bien sûr grotesque à souhait. Le synopsis fait hurler de rire toute personne un tant soit peu rationnelle : une ex-tueuse (Uma Thurman) sort d’un coma de quatre ans et se met à liquider ses ex-camardes de jeu qui ont voulu l’envoyer à trépas le jour de son mariage. Le pitch fait furieusement penser au film de Truffaut avec Jeanne Moreau en veuve vengeresse, La Mariée était en noir… La Mariée rend ainsi visite à une ex-meilleure amie maintenant mère au foyer. Elles se battent, saccagent le salon avant que la Mariée n’en finisse avec elle. Et voilà… un de chute. Un sur Cinq. La mariée barre le nom de la mère au foyer puisque ce qui était à faire est fait ; mais on se rend compte à cet instant que la Mariée a déjà tué quelqu’un d’autre. Il faut donc revenir en arrière pour remettre les pendules à l’heure. Comme d’habitude, Tarantino s’ingénie à déconstruire son intrigue à coup de flash back, flash forward etc…

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Kill Bill est construit en chapitre. Tarantino mélange les chapitres, ajoute des bis etc… Les procédés ne sont pas bien compliqués mais ils sont rarement aussi habilement utilisés. La compréhension de Kill Bill est encore plus limpide que celle de Pulp Fiction. Tarantino maîtrise sa narration à merveille.

Il maîtrise au moins tout aussi bien la violence. Il la canalise en jouant de procédés qui rendent le tout moins gore, moins choquant. La violence de Kill Bill est absurde, exagérée. Le sang ne coule pas à flot, c’est pire encore. Cette violence là, on n’y croit pas. Elle fait sourire où dégoûte mais on est tous bluffé par son côté spectaculaire. Quand l’impact d’une scène est trop important, Tarantino insert une magnifique séquence animée où passe au noir et blanc. Les lambeaux de chairs passent mieux en noir et blanc… Evidemment, tous ces petits effets font style. Quentin les utilise à bon escient et s’amuse avec. Ça permet aussi d’insérer un rythme soutenu au film.

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Tarantino fait les films qu’il veut voir. Il aime s’amuser quand il va au cinéma et adore s’amuser quand il en fait. Le cinéma de Tarantino, c’est du pur cinéma de divertissement, mais de l’entertainment de haute volée. Il y a ceux qui n’en calculent pas l’intérêt et qui ne voient que du vide dans ce cinéma-là. C’est sûr qu’il ne disserte pas des masses ; mais son ambition n’est pas là et le fait est que quand ça se termine, on en redemande encore…

Benoît Thevenin


Kill Bill : volume 1 – Note pour ce film :

Sortie française : 26 novembre 2003

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  2. Quentin Tarantino
  3. Sin City de Robert Rodriguez, Frank Miller et Quentin Tarantino (2005)
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