Bronson de Nicolas Winding Refn (2009)

19115854_w434_h_q80

Cette histoire est basé sur des faits réels… Certes, mais en l’occurrence on s’en fout royalement. Ca peut-être un argument publicitaire, histoire de nous apprendre que ce personnage de Bronson, psychopathe d’une sauvagerie quasi inégalable existe, et ainsi miser sur le sensationnalisme du personnage. On n’a aucune cure de la véracité de cette histoire car le traitement choisit par Nicolas Winding Refn ne prétend à aucun réalisme. Bronson est une farce de tous les instants, un film brutal – d’accord – violent sans aucun doute, mais qui tend à un comique quasi burlesque bien que gonflé à la testostérone. Il n’est pas possible de prendre une seule seconde au sérieux cette histoire et ce personnage. En revanche on peut effectivement applaudir la performance de Tom Hardy dans le rôle titre car c’est évidemment sur ses épaules et sa folle capacité à faire ressentir la violence la plus brutale que le film repose d’abord.

19120686_w434_h_q80

La farce permanente, Nicolas Winding Refn l’assume entièrement, sans quoi il ne construirait pas son récit autour de la confession théâtrale du criminel, mais on peine à trouver une finalité à ce film. Certain y ont vu matière à relier Bronson à Orange Mécanique… Dans un cas, le cinéaste à une vision, un propos ; dans l’autre cas, la vacuité du discours n’a d’égale que la prétention mégalomaniaque du réalisateur.

La galerie d’images proposées par le cinéaste danois à de quoi impressionner. Esthétiquement, on prend une claque mais l’intérêt du film est par ailleurs tellement creux que l’on ne peut que se désoler de tant d’efforts pour si peu de contenu. Sans compter que l’excentricité du personnage, le déferlement continu de violence, finit par profondément ennuyer.

19120681_w434_h_q80

On savait Nicolas Winding Refn doué, son intense et déjà très brutale trilogie Pusher en atteste, mais son Bronson est un pétard mouillé, une tentative quand même assez navrante de renouveler l’imagerie ultra-violente du cinéma. Nicolas Winding Refn continue de prouver qu’il sait filmer, qu’il n’a pas peur de choquer mais on attend qu’il prête ses talents à une forme de cinéma qui a un sens véritable. On notera quand même, au-delà des indiscutables qualités esthétiques du film et de l’impressionnante incarnation par Tom Hardy, l’excellent mariage entre les images et le son. La bande-originale, qui mélange Verdi, Wagner et des groupes plus contemporains comme the Pet Shop Boys ou Glass Candy, est assez exceptionnelle. Mais voilà, ce n’est que ça Bronson, on nous en met plein la vue (et les oreilles), mais c’est un leurre, seulement d’une vacuité confondante.

Benoît Thevenin


Bronson – Note pour ce film :

Sortie française le 15 juillet 2009

Lire aussi :

  1. Le Guerrier silencieux (Valhalla Rising) de Nicolas Winding Refn (2010)
  2. Drive de Nicolas Winding Refn (2011)
  3. The Neon Demon de Nicolas Winding Refn (2016)
  4. Espion(s) de Nicolas Saada (2009)
Email

Aucun commentaire sur “Bronson de Nicolas Winding Refn (2009)”

  1. Boustoune dit :

    Pour une fois,nous ne sommes pas du tout d’accord…
    Je comprends que toi, l’inconditionnel de Kubrick, tu aies pu être agacé par la comparaison avec « Orange mécanique » – je l’ai faite aussi et je l’assume pleinement – mais je trouve que tu y vas un peu fort. Nicolas Winding Refn ne m’a absolument pas paru être un type en pleine « prétention mégalomaniaque » comme tu dis, mais un réalisateur posé et très concis dans ses propos. Il a expliqué son intérêt pour l’histoire de Bronson. Ce n’est pas le prisonnier qui l’a intéressé, ni son comportement violent, mais la façon dont le bonhomme a réussi peu à peu à transformer cette colère et cette rage anticonformiste pour créer des oeuvres d’art et écrire. Le réalisateur a lui-même connu une période rebelle et le cinéma l’a aidé à canaliser ses pulsions destructrices et les mettre au service de la création. C’est là le vrai propos du film qui n’est donc, de mon point de vue, pas dénué de sens…
    Rien n’est gratuit dans ce film, et certainement pas le côté esthétisant de l’oeuvre puisque ce déluge d’effets visuels, sonores, musicaux, tout comme la théâtralité de la mise en scène – plutôt que le côté « farce » que tu soulignes – sont justement censés représenter la façon dont Charlie Bronson reconstruit par l’art et la poésie un univers carcéral monotone, étouffant et désespérant.
    Après tout est question de point de vue…
    Mais au moins, on est d’accord sur un point essentiel : « Le temps qu’il reste » est un chef d’oeuvre qui aurait mérité la Palme d’or…

Laisser une réponse