Deux Flics à Miami (Miami Vice) de Michael Mann (2006)

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Série phare des années 80, Miami Vice ne pouvait être porté à l’écran que par Michael Mann,  ni plus ni moins que le producteur exécutif du feuilleton. Miami Vice aura marqué l’histoire de la télévision américaine ne serait-ce que pour son ambition stylistique, mais aussi pour son réalisme assez étonnant. Michael Mann a lui même réalisé quelques épisodes de la série, celà prouve son implication totale dans le projet.

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Les premières images de l’adaptation ciné ne laisse planer  aucun doute quand au respect de l’oeuvre initiale par Michael Mann. La mise en scène nous implique d’emblée dans l’action et nos deux flics ne chôment déjà pas. Ce qui saute aux yeux, c’est l’évident lifting opéré par rapport à la série. Les héros sont fashion mais dans un style différent de leurs prédécesseurs (Don Johnson et Philip Michael Thomas), forcément. L’image est belle, léchée, au plus près des personnages comme Mann nous y a tant habitué depuis ses débuts. Le cinéaste marque parfaitement son territoire et sa patte se reconnait immédiatement. Ce qui est emblématique de Miami Vice la série, c’est aussi sa bande son plutôt pop/rock. L’entrée dans la boîte de nuit avec Numb Encore par Jay-Z et Linkin Park participe du même et esprit. Les dès sont bien jetés.

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Réputé pour être avant tout un cinéaste urbain, Michael Mann impressionne encore. Le réalisateur filme en grande partie ses personnages depuis les toits de Miami, offrant des vues panoramiques assez fascinantes, d’autant que les séquences sont noctures. Miami Vice est d’abord étourdissant pour cette cette maîtrise de l’espace urbain. Mann cadre ses acteurs pour grande part en légère contre-plongée, et l’impression d’écrasement et d’immersion fonctionne pleinement.

Au-delà de ses quelques considérations esthétiques, Miami Vice, sans arriver à la hauteur de Heat, est riche d’une narration dense, foisonnante, peut-être un peu compliquée mais parfaitement lisible tout de même. On ne perd rien de l’histoire, on est juste entraîné dans un tourbillon émotionnel assez éloquant pour ce qui s’incrit à la base comme un film d’action hollywoodien parmi d’autre. Mais ne pas distinguer Miami Vice du lot traditionnel, cela équivaut à un aveuglement forcené tant Michael Mann a depuis longtemps imposé son style et sa maestria à Hollywood.

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Comme toujours dans les films de Michael Mann, les personnages féminins, secondaires à priori, ont une place prédominantes dans le film. C’est autour d’elles, Gong Li et Naomie Harris, que le film tourne en grande partie. Peut-être les personnages sont là moins rôdés psychologiquement – une grande force du cinéma de cet auteur – mais c’est très relatif. Mann insite seulement davantage sur l’aspect romanesque et passionnel de son histoire, il insuffle une sensualité assez chaude qui coïncide en fait très justement avec le contexte bouillonant, turbulent même, de Miami. La fin sera à la hauteur de la montée en puissance opérée pendant tout le film. Telle une signature, Michael Mann impose une impressionnante séquence de fusillade qui assoit sa réputation dans ce domaine précis.

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Indubitablement, Michael Mann déroule son savoir faire. Et pourtant, quand le film termine, une drôle d’impression de manque s’empare de nous que l’on peine à identifier. Malgré le caractère sophistiqué à tous les étages de l’ensemble, Miami Vice ne convainc pas complètement. On en revient aux personnages, probablement insuffisamment emblématiques par rapport aux autres héros de la filmographie du cinéaste. Les acteurs ne sont pas en cause car le duo Jamie Foxx/Colin Farrell fonctionne parfaitement, mais peut-être leurs personnages sont moins exemplaires, moins charismatiques, moins impressionnant tout simplement. Il est peu évident de dire si c’est réellement cette perception là qui nuance un petit peu celle générale du film. Chose sûre, Miami Vice est un divertissement de haute volée, une véritable leçon de cinéma d’action, doublée d’une proposition esthétique qui est peu courante dans le genre à Hollywood.

Benoît Thevenin


Miami Vice – Deux Flics à Miami – Note pour ce film :

Sortie française le 16 août 2006

Lire aussi :

  1. Collateral de Michael Mann (2004)
  2. Le Solitaire (Thief) de Michael Mann (1981)
  3. Ali de Michael Mann (2002)
  4. La Forteresse Noire (The Keep) de Michael Mann (1984)
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2 commentaires sur “Deux Flics à Miami (Miami Vice) de Michael Mann (2006)”

  1. Denis Leborgne dit :

    J’ai également beaucoup apprécié ce film. Pour une fois, le rythme au niveau du montage différait complètement du film d’action type. Mais je n’ai pas été totalement conquis. Les personnages m’ont semblé moins bien façonnés que dans Collateral, et l’action moins bien maîtrisée que dans Heat.

  2. Raoul dit :

    C’est malheureusement pour moi le plus mauvais film de Mann.
    Ce qui est extrêmement agréable encore une fois dans ses films c’est son sens du réalisme et sa volonté de le porter à l’écran. Dans ce film on a parfois l’impression de suivre un documentaire ou une enquête sur M6 sur la mafia. Les ambiances, les décors sont rendus et fonctionnent souvent.
    C’est ce qui m’a toujours impressionné dans son cinéma: cette volonté de ne pas en faire justement.
    On dirait qu’il cherche à faire un docu-romancé. Que de détails et de précisions sur la police et la mafia dans Heat ou celui-ci!

    Cela fait quelques mois que je ne l’ai pas revu mais ce que je me souviens avoir pensé, c’est que cette recherche de réalisme et de ne pas en faire trop dans la mise en scène, de laisser l’histoire parler d’elle même en la suivant en sobriété (je trouve ça très louable et d’habitude efficace), eh bien là c’est justement son défaut. L’histoire est incroyable, les évènements exceptionnels (cartel mondial etc) flics de haut vols, moyens, voitures etc tout est très très grand. Sauf que… Je pense que Michael Mann ne SUIT pas cette histoire convenablement. De peur d’en faire trop il n’en fait pas assez. L’histoire nous fait décoller, mais la mise en scène nous ramène au sol. La mise en scène est sobre alors que l’histoire est dingue. Ce qui nous fait faire des décollages-atterrissages permanents dans le film, des va et vient finalement gênant pour la crédibilité de l’histoire. Ces plaquages aux sols (c’est exagéré bien sûr) nous font dire: « ah mais attend ce truc dingue en fait c’est faux! » du coup on adhère jamais vraiment et on voit la fin du film (avec une fusillade pas si réussie je trouve et longue certainement parce qu’à ce moment on s’en fiche un peu!) sans avoir vraiment pris part à tout ça.

    Voilà c’est bien dommage mais Mr Mann, la sobriété c’est fantastique! Mais quand votre histoire est incroyable, il faut mettre votre mise en scène à ce niveau et arrêter de nous coller du réalisme et de la sobriété partout!!

    Sinon ce grand monsieur est mon réalisateur préféré je tiens à le préciser.

    Et bravo Benoit pour tes critiques!

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