Johnny Mad Dog de Jean-Stéphane Sauvaire (2008)


Johnny Mad Dog, 15 ans, dans un pays d’Afrique ravagé. Il est le chef d’une milice barbare ou avec ses compagnons sanglants, surnommés No Good Advice, Young Major ou encore Small Devil, il pille, tue à la machette, viol, sans discernement et sans aucun état d’âme, tout ce qui se présente face à eux. Le parcours de cet escadron de la mort est d’autant plus choquant qu’ils ne sont que des gamins à l’humanité déjà évaporée.

Le film a une force brute indéniable. Il s’agit incontestablement de l’oeuvre la plus cinglante de l’année, du coup de poing le plus difficile à encaisser. K.O sans même être compté. Et il sera difficile de se relever. Présenté à Cannes dans la section Un Certain Regard, le film a retourné a peu près tous ses spectateurs de la Croisette, par la force brute du propos, mais aussi par l’efficacité d’une mise en scène qui colle à cette réalité la plus sordide.

Est-ce que Johnny Mad Dog provoquera une réaction autre que ce simple émoi ressenti inévitablement par ce déchaînement de violence résolument réaliste ? La question mérite d’être posée tant, au moins une heure durant, le film fonctionne sur un principe très semblable à Stress, le fameux clip (voir la vidéo) de Romain Gavras pour le groupe Justice. Les questions que soulèvent Johnny Mad Dog sont néanmoins moins tendancieuses, moins détournées, moins en phases aussi avec la réalité de notre société. Le questionnement est ici plus viscéral, plus à fleur de peau. Le résultat est néanmoins assez semblable pour le spectateur, condamné à assister impuissant à un déchaînement a priori arbitraire de violence extrême.

Ainsi, le film ne s’adressera certainement pas à tout le monde, il faut avoir envie de se confrontrer au réalisme de cette violence là. Un réalisme d’atant plus insupportable, d’une certaine manière, que l’on sait que les enfants qui composent cet escadron de la mort, ne jouent pas vraiment… Ils réincarnent des fonctions qui étaient réellement les leurs dans le passé pas si lointain de leurs vies. Johnny Mad Dog impressionne de fait véritablement et à plus d’un titre, surtout que le dernier quart d’heure permet de supposer quelques réponses à nos questions, de déceler une certaine humanité chez ces barbares que l’on imaginait peut-être pas, dans le confort de nos fauteuils occidentaux, exister encore.

Le film est réalisé par Jean-Stéphane Sauvaire, cinéaste rompu aux style documentaire puisque l’on se souvient de l’explosif docu Carlito Medellin en 2003, et produit par Mathieu Kassovitz.

B.T


Johnny Mad Dog – Note pour ce film :

Sortie française le 26 novembre 2008

Lire aussi :

  1. Le Silence de Lorna de Jean-Pierre et Luc Dardenne (2008)
  2. Panique au village de Vincent Patar et Stéphane Aubier (2009)
  3. L’Armée silencieuse (Wit licht) de Jean van de Velde (2009)
  4. Les Carabiniers de Jean-Luc Godard (1963)
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