The Pleasure of being robbed de Joshua Safdie (2008)

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« The Pleasure of being Robbed », premier film de Josh Safdie, aura connu les honneurs de la Quinzaine des réalisateurs en 2008. Ce moyen-métrage d’une heure à peine sort sur les écrans français, quelques jours avant la présentation cannoise, toujours à la Quinzaine, de son second film, Go Get Rosemary, coréalisé avec son frère Benny.

Eleonore, une jeune fille en errance dans New York et qui chaparde à peu près tout ce qui lui passe sous le nez. Le pitch est court et si on le développe un peu ca ne fera pas beaucoup plus long. Eleonore rencontre un garçon qu’elle connaît apparemment déjà. Ils vont faire un petit bout de chemin mais qui ne les mènera à pas grand chose de constructif.

Josh Safdie et Eleonore Hendricks sont à la fois auteurs et acteurs principaux du film. Une certaine complicité les lie vraisemblablement et elle expliquerait très probablement l’existence de ce film. Car il est difficile de comprendre l’intérêt de ce curieux objet. The Pleasure of being robbed est un film libre mais qui ne raconte rien. La narration est sans fond, sans intérêt véritable. Le film est un instant de vie captée sur le vif, un moment anecdotique et volé.

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Il ne fait pas de doute que le travail de Josh Safdie est très inspiré par le cinéma de la fin des années 1960, la Nouvelle Vague, Cassavetes etc. Le son souvent inaudible, l’espèce d’impression d’une captation sauvage de ces images, tout renvoie à ce souffle nouveau qui souffla sur le cinéma quand les caméras sortirent enfin filmer directement dans la rue.

Mais il y a là un problème. Le parcours d’Eleonore ne nous intéresse pas. On sent bien que la seule intention du film est de faire sentir un vent de liberté mais c’est très court en idée, même si u certain charme opère. A quoi se raccrocher alors ? A une ambiance des rues de New-York, au sourire d’Elenore, à sa désinvolture quelque peu désarmante ?

Elle est très jolie Eleonore et l’on se sent en droit de soupçonner Josh d’être très amoureux d’elle, d’avoir fait ce film uniquement pour la filmer belle, libre et souriante. On ne peut pas lui reprocher d’être amoureux, mais son idée de cinéma est trop pauvre pour que l’on se laisse séduire autrement.

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The Pleasure of being robbed à un petit cachet indé, certes, mais il ne suffit pas de filmer New York la nuit avec un mauvais son, une caméra qui bave un peu et qui se mouve gentiment. La posture arty est manifeste mais c’est un leurre. Ils sont nombreux depuis les années 60 à être sortit dans les rues de NY et avoir filmer la rue, les coins les plus sordides de la ville parfois. Il y a donc rien de neuf au coin des longues avenues.

Ce film tout ce qu’il y a de plus modeste et confidentiel réserve quelques passages amusants, dont l’un est comme une private joke adressée au public français. Eleonore vole un sac, le fouille et trouve un livre (Témoignage) écrit par Nicolas Sarkozy. La surprise de cette découverte dans un tel film, celà ne peut que faire sourire.

Ultime hypothèse alors, The Pleasure of being robbed ne s’adresserait il pas qu’exclusivement à une caste de cinéphiles un peu bourgeois, très parisiens et en quête de nouvelles têtes à chérir. Des indices ? Dans quel autre pays ce film t’il pu être vendu pour être exploiter en salle ? Dans quelle autre ville de France, ce film est-il visible (certes le films va voyager un peu en province, mais vous comprenez l’idée) ? Et enfin, imaginez le public anglophone en train de percevoir certain dialogues. Les sous-titres français sont alors bien opportuns.

The pleasure of being robbed est un curieux objet, un petit film très fragile qui a le mérite d’être court (une heure à peine), de révéler une jeune actrice très à l’aise et très juste dans son registre. Le film paraît très spontané, immédiat. On ne passe pas un moment désagréable mais l’on sort de la projection en cherchant encore la finalité de l’ensemble.
Le premier vrai long-métrage de Josh Safdie – coréalisé avec son frère Benny – Go Get Some Rosemary (1h40) nous sera donc présenté dans quelques jours à Cannes. Peut-être marquera t’il le véritable envol de ce(s) cinéaste(s) ? ou pas ?… La question reste à cet instant en suspend.

B.T


The Pleasure of being robbed – Note pour ce film :

Sortie française le 29 avril 2009

Lire aussi :

  1. Lenny and the kids (Go get some Rosemary) de Joshua et Benny Safdie (2009)
  2. Joshua de George Ratliff (2007)
  3. Tulpan de Sergey Dvortsevoy (2008)
  4. Un Conte de Noël d’Arnaud Desplechin (2008)
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Aucun commentaire sur “The Pleasure of being robbed de Joshua Safdie (2008)”

  1. Axel dit :

    En tout cas, ce film m’a donné envie de me replonger dans les premiers films de Cassavetes, Shadows par exemple. Quant à voir New York, autant prendre les meilleurs films ! Et je ne me suis même pas endormi !
    (je viens de vérifier, ce film a récolté lors de sa sortie aux USA 10 687 dollars ! Sa première semaine en France lui a rapporté 21 136 $. Si on écoutait les chiffres, tu aurais peut-être raison…)

  2. lila dit :

    J’ai beaucoup beaucoup aimé ce film, défauts compris! Il m’a sauvé d’une journée affreuse et m’a reboosté à bloc.
    Evidemment la fin du film est facile, évidemment un film volontairement sans fil directeur a ses limites, mais pour moi il décrit une sorte de trajet urbain rêvé, d’aspect cotonneux du monde et des relations, une sorte de « balade sans conséquences… », une petite prose urbaine.
    C’est une liberté qui a été prise maintes fois dans le cinéma depuis longtemps maintenant, mais ça ne fait pas de mal en tout cas!

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