Décès de l’acteur Guillaume Depardieu (1971 – 2008)

C’est l’histoire douloureuse d’un enfant de la balle qui s’achève tragiquement aujourd’hui. Guillaume Depardieu, fils de Gérard et Elizabeth Depardieu, frère de Julie, est décédé ce soir des suites d’une pneumonie foudroyante. L’acteur n’était âgé que de 37 ans. Il était le père d’une petite Louise, née en 2000.

Les portraits de Guillaume Depardieu s’accorderont tous pour décrire un écorché vif, une personnalité hors norme qui aura du se façonner dans l’ombre majestueuse et encombrante d’un père qui est comme un Roi pour le cinéma français. Il n’est pas plus facile de porter le nom de Depardieu pour un jeune acteur que celui de Platini pour un footballeur. Guillaume Depardieu aura souvent alimenté la rubrique des faits divers, par ses excès, l’alcool, la drogue, la violence aussi. Guillaume Depardieu donnait l’impression d’être un garçon en colère, en révolte, et ses choix de carrière, des rôles parfois magnifiques mais presque toujours en marge du système du cinéma commercial français, auront confirmés la personnalité intransigeante d’un acteur qui aura toujours lutté pour exister.

Ces premiers pas d’acteur, Guillaume les faits auprès de son père, dans des rôles de figurations d’abord, puis dans Tout les matins du Monde de Corneau, son premier grand rôle (1991). C’est avec un jeune réalisateur de comédies indépendantes, Pierre Salvadori, que la carrière de Guillaume Depardieu prend un certain envol. Salvadori fait d’abord de lui un tueur à gage dans Cible Emouvante (1993). Leur collaboration se poursuit en 1995 avec Les Apprentis (il remporte à l’occasion le César du Meilleur espoir) puis en 1998 avec Comme elle respire, films qui auront réunis deux enfants de stars aux destins gâchés (Guillaume partage ces affiches avec Marie Trintignant) et enfin, Le Marchand de Sable (2000).

Guillaume Depardieu construit donc sa carrière en dehors des sentiers battus et croise logiquement la route d’autres personnalités peu farouche de notre cinéma. Il développe une relation quasi filiale avec Jean-Pierre Mocky, lequel le dirige en 1997 dans Alliance Cherche doigt. Il est aussi le héros de Pola X (1999), oeuvre maudite réalisée par Leos Carax, un autre écorché vif et trublion du cinéma français.

Guillaume Depardieu aura souvent trouvé de beaux rôles, à mesure de son talent réel, et même si l’essentiel de ses films seront restés confidentiels – Il est par exemple le héros du très beau premier film de Vincent Perez, Peau d’Ange (2002) – l’acteur aura aussi participé à quelques superproductions, mais pour la télévision et auprès de son père (Le Comte de Monte Cristo (1998), Les Rois Maudit (2005) de Josée Dayan).

Victime d’un violent accident de moto en 1995, il avait subit 17 opérations. Il contractera une infection nosocomiale et devra subir une amputation de la jambe droite en 2003. Malgré son handicap, Guillaume continuera de tourner dans des films d’auteurs exigeants, notamment Ne Touchez pas la hâche de Rivette ou La France de Serge Bozon, en 2007.

Actuellement, Guillaume Depardieu est à l’affiche de deux films présentés chacun à Cannes cette année : Versailles, le très émouvant premier long-métrage de Pierre Schoeller  et De la guerre de Bertrand Bonello. On le retrouvera également en novembre dans Stella, dernier film de Sylvie Verheyde.

A la dérive tout au long de son existence, en marge pendant toute sa carrière, le destin de Guillaume Depardieu donne un immense sentiment de gâchis.

Benoît Thevenin

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