Hotel Salvation de Shubhashish Bhutiani (2016)

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Daya, vieil homme encore très bien portant, a acquis la conviction que son heure est venue. Il formule auprès de sa famille sa volonté de rejoindre la ville sacrée de Bénarès (Varanasi) pour trouver son salut dans le bien nommé Hotel Salvation. Son fils Rajiv  l’accompagne, plus par devoir envers son aîné que par amour. Forcé de quitter son travail, Rajiv ne comprend pas vraiment la décision de son père. L’Hôtel a cette particularité de n’accueillir que des personnes souhaitant trouver le repos éternel, avec comme règle théorique, le délais de 15 jours maximum pour parvenir à passer de l’autre côté.

Il y a dans Hotel Salvation assez de fantaisie et de légèreté pour échapper à la seule question de la mort et du rapport à celle-ci. Pour son premier long-métrage, le jeune Shubhaschish Bhutiani fait au contraire preuve d’une réelle maîtrise narrative, et même d’une certaine roublardise pour éviter de mener son histoire vers des passages trop attendus. La qualité du film réside ainsi dans les relations qui peu à peu naissent ou bien se rétablissent. En accompagnant, même contraint, son père vers son projet, Rajiv va non seulement apprendre à renouer avec lui, mais il va tout autant se retrouver confronté à sa fille. Plus que le sujet de la mort, c’est celui du rapport entre les générations qui est posé, avec des barrières entres elles qui vont subtilement s’effondrer.

Raconté du point de vue du personnage de Rajiv, le film bénéficie de ses tergiversations et des propres doutes pour emprunter des chemins de traverse et esquiver les passages obligés. C’est toute la qualité de ce film subtile et délicat, poétique et souvent drôle, qui est en plus un très bel objet de cinéma. Le cinéaste prend le temps de l’observation, filme souvent en plan large, et ne s’attarde sur les visages que quand cela s’avère nécessaire. Hotel Salvation est au propre comme au figuré, un film lumineux, qui offre de sublimes images du Gange, de ses rives et  de la vie autour. C’est en cela aussi qu’Hotel Salvation, malgré son pitch, échappe aux seuls questionnements philosophiques sur la mort. C’est au contraire un film tout entier tourné vers l’amour, vers la vie et la célébration de celle-ci.

B.T

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