The Amazing Spider-Man de Marc Webb (2012)

Poster Amazing Spider-Man

Aujourd’hui lorsqu’Hollywood veut relancer une franchise en faisant table rase des films existants et en repartant sur de nouvelles bases on parle de reboot. Par exemple Batman Begins de Christopher Nolan (2005) est un reboot de la saga qui avait commencé en 1989 avec le Batman de Tim Burton. L’Incroyable Hulk de Louis Leterrier (2008) était un reboot du Hulk d’Ang Lee, pourtant sorti à peine quelques années plus tôt (en 2003). Ce qui différencie le reboot du remake c’est que l’on ne se base pas sur le film existant pour en faire le nouveau, au contraire même, mais plutôt sur le matériau d’origine, en l’occurrence pour les exemples cités, le comic. Aujourd’hui c’est donc Spider-Man qui a droit à son reboot après la saga de Sam Raimi, initié en 2002 avec Tobey Maguire et Kirsten Dunst. La version 2012 est réalisée par Marc Webb – auteur remarqué de la très jolie comédie romantique (500) Jours ensemble – et c’est le très sympathique Andrew Garfield (The Social Network, Never Let Me Go) qui endosse cette fois le costume moulant de l’homme-araigné tandis qu’Emma Stone (Zombieland) hérite du premier rôle féminin.

La première question que l’on se pose est celle de l’intérêt d’un reboot ? Quand Nolan redémarre une franchise Batman après les films de Burton et Schumacher cela fait sens car il apporte une nouvelle vision du personnage et l’ancre dans un univers plus réaliste. La réponse était déjà moins évidente pour les deux Hulk qui se sont succédés. Les deux films étaient trop proches et si Marvel voulait effacer l’échec financier du premier film, il fallait à tout prix éviter la redite. Etonnement ils ont plutôt réussi, d’abord par la judicieuse idée de ne pas retourner aux origines du récit et de commencer avec un Banner déjà contaminé, et ensuite parce que la construction du film n’a rien à voir avec celle du film de Ang Lee. Les deux films sont donc suffisamment différents pour exister chacun à part entière et ainsi justifier leur existence.

The Amazing Spider-Man tombe lui dans les pires travers du reboot et s’apparente même plutôt à un remake. Les auteurs du film n’ont absolument pas su trouver un angle d’attaque original et novateur par rapport au film de Sam Raimi. De fait, on se retrouve avec un film qui reproduit, parfois presque à l’identique, les scènes du premier Spider-Man. On retrouve exactement la même évolution (la piqûre, la découverte des pouvoirs, l’apprentissage des pouvoirs…), surtout dans la première partie, et c’est assez gênant. Ceci d’autant plus que l’inévitable comparaison tourne toujours à l’avantage du film de Sam Raimi, mieux écrit, plus fluide, mieux rythmé, plus ludique etc… Et puis ceci est sans compter qu’à l’époque, le film bénéficiait d’une aura novatrice incroyable (surtout visuellement), alors qu’aujourd’hui on n’est plus surpris. Bref, le plus gros problème de The Amazing Spider-Man c’est le Spider-Man de Sam Raimi !

Essayons alors de raisonner sans prendre en compte cet autre film qui lui fait tant l’ombre. The Amazing Spider-man reste un blockbuster gentillet, surtout sympathique grâce à son casting, avec un Andrew Garfield adorable et blagueur et une Emma Stone très mignonne. Martin Sheen en oncle Ben fait plaisir à voir également. Au-delà de ça, les scènes d’action sont plutôt réussies alors que de la part de Marc Webb, novice en la matière, on pouvait craindre le pire. Les séquences d’action sont lisibles et, si elles n’atteignent pas des sommets de frénésie (on est très loin du plaisir récemment procuré par The Avengers) elles sont agréables et les effets spéciaux tiennent bien la route.

Là où le bât blesse un peu plus, c’est au niveau du scénario. L’introduction nous montre les parents de Peter Parker (seule vraie originalité du script) mais, au lieu de travailler le traumatisme de la perte des parents, le scénario n’en fait pas grand-chose et ne capitalise pas sur les personnages. Aussi, alors que le film avait été annoncé comme une version plus adolescente de Spider-Man, force est de constater que même à ce niveau-là, le film de Sam Raimi était autrement plus réussi, avec une vraie mise en parallèle puberté/découverte des pouvoirs.

Pour le reste, The Amazing Spider-man est assez grossier. Le personnage du méchant est inintéressant, manque de profondeur ou tout simplement d’un poil d’originalité d’autant que, comme par hasard, il souffre de schizophrénie comme, on vous le donne en mille, Le Bouffon Vert dans le Spiderman de 2002…

Au final il est vraiment difficile de juger le film pour ce qu’il est sans se référer à son prédécesseur tant il est proche et inférieur à tous les niveaux. Cela pose d’autant plus la question de l’opportunité de faire ce film. Pourquoi avoir voulu relancer une franchise si c’est pour coller tellement à celle qui existe déjà ? Si la seule raison est la logique financière, c’est un peu dommage et même assez risqué, le public n’étant pas dupe (on l’espère) et le Spider-Man de Sam Raimi demeurant un film très connu. On aurait aimé être beaucoup plus surpris, avoir un Spider-Man nouveau et qui nous propose quelque chose de différent. Ce n’est pas du tout le cas. Ca n’en fait pas nécessairement un mauvais film mais The Amazing Spider-man ne dépasse par le stade du petit divertissement tout juste moyen. Dommage.

Grégory Audermatte

The Amazing Spider-Man **1/2

Sortie française le 4 juillet 2012

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3 commentaires sur “The Amazing Spider-Man de Marc Webb (2012)”

  1. selenie dit :

    Ni plus ni moins que la version Sam Raimi. Les défauts des qualités sont ceux de l’autre au final. Peut-être que je préfère celui-là de peu notamment pour la fidélité au comic un poil mieux et je préfère ce duo d’acteur au précédent… 2/4

  2. veyret dit :

    totalement dacord avec toi je préférent adrew garfield et emma ston pluto que tobey maguire et kristen dunst et je préfèrent amzing spiderman

  3. Jules dit :

    Et bien moi j’ai aimé : je me suis senti proche de ce spidey skateur et branché!

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