Marley de Kevin MacDonald (2012)

Même s’il est passé à la fiction, avec notamment Le Dernier roi d’Ecosse et Jeux de pouvoir, Kevin MacDonald n’a jamais délaissé son parcours de documentariste. Le réalisateur de Un Jour en septembre (1999) – sur la prise d’otage de 11 athlètes israéliens pendant les JO de Munich en 1972 – et de Mon Meilleur ennemi – sur l’itinéraire du chef de la Gestapo Klaus Barbie – s’intéresse cette fois à la figure emblématique du chanteur rasta Bob Marley.

Le cinéaste réalise un portrait qui est d’abord celui de l’homme qu’a été Bob Marley, et pas seulement du chanteur. Bien sûr, la musique berce le filme, puisqu’elle a bercée toute la vie de Bob Marley, puisqu’il s’y est consacré corps et âme.

Kevin MacDonald qui nous ouvre l’accès à l’intimité de la vie de Bob Marley. Le documentariste a pour cela bénéficié de la collaboration de la famille. MacDonald illustre ainsi son film par des images rares. Epouses, enfants, frères et soeurs etc. témoignent face caméra et raconte l’homme qu’ils ont connu, sans taire certaines blessures. Le film n’a absolument rien de complaisant.

Le documentaire révèle la fragilité d’un homme qui a souffert du rejet de son père et de sa condition de métisse. Cette douleur, exprimée dans sa chanson Cornerstone, forgera la conscience de Bob Marley, toujours sensible à la misère et aux injustices dont peuvent êtres victimes les plus faibles. Le film raconte la trajectoire d’un homme qui aura oeuvré toute sa vie pour le bien des autres, pour offrir de la joie et du réconfort. Pour autant le documentaire ne fait pas l’impasse sur la face sombre de Bob Marley, ses infidélités, le père absent qu’il était, son rapport à la religion etc.

A travers la figure de Bob Marley et son engagement politique, le film relate aussi toute une époque, les tensions communautaires et racistes, la corruption et la violence en Jamaïque dans les années 70. Le film retrace étape par étape l’implication de Bob Marley pour les grandes causes sociales, son cheminement et son courage. Bob Marley n’a cependant jamais perdu de vue une forme de simplicité.Tout génie et superstar qu’il était, Bob Marley a toujours conservé un contact direct avec ce qui avait le plus d’importance pour lui, ce lien avec les gens simples, sa passion et son amour pour le peuple dans son unité.

Marley représente une plongée inédite dans l’intimité du chanteur. Le film permet de comprendre l’importance de Bob Marley, son influence tant musicale que sociale, humaniste et politique. Kevin MacDonald offre ainsi un film riche, profond, passionnant mais aussi émouvant. On tient, sans nul doute, le film référence sur le père du reggae. Marley est un documentaire précieux, un portrait juste et respectueux mais qui laisse un goût amer, parce que Bob Marley est parti trop jeune, et que le monde manque de belles personnes comme lui.

Benoît Thevenin

Lire aussi :

  1. Jeux de pouvoir (State of play) de Kevin MacDonald (2009)
  2. Le Dernier roi d’Ecosse (The Last King of Scotland) de Kevin Macdonald (2006)
  3. We need to talk about kevin de Lynne Ramsay (2011)
  4. Cloclo de Florent Emilio Siri (2012)
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