Je sens le beat qui monte en moi de Yann Le Quellec (2012)

Rosalba, jeune guide touristique à Poitiers, est atteinte d’un mal étrange. Le moindre soupçon de mélodie déclenche chez elle une agitation qu’elle ne contrôle pas. Elle fait bientôt la connaissance d’Alain, son chauffeur d’un jour, qui est aussi un passionné de soul music. Chacun à sa manière a le rythme dans la peau et, comme une évidence, ils finiront par danser ensemble…

Je sens le beat monter en moi ressemble à son héroïne, allie élégance et style. Rosalba Torres Guerrero, qui incarne donc la jeune guide, a été une des révélations scéniques de la rentrée 2011 avec son premier spectacle en tant que chorégraphe, Pénombre, monté au Théâtre National de Chaillot en Octobre dernier. Rosalba Torres Guerrero, qui a aussi été une des principales interprètes des ballets contemporains de la Belgique, avait conçu sa mise en scène en collaboration avec le vidéaste Lucas Racasse.

Elle prête cette fois son talent à Yann Le Quellec. L’idée du film ne fonctionnerait pas si bien sans une merveilleuse chorégraphe, dont l’inventivité à chaque pas nous enchante. A côté d’elle, Serge Bozon, flegmatique et touchant, et dont le personnage à le bon goût de passer des tubes de souls immédiatement entrainant (Al Wilson, Etta James, The Coasters, Willie Tee etc.).

Court-métrage de 30 minutes, Je Sens le beat monter en moi est un petit concentré de fraîcheur, d’énergie et de bonheur. Yann Le Quellec bénéficie bien sûr de la présence de ses deux comédiens, mais le charme du film fonctionne aussi sur toutes ces autres idées. Le burlesque surgit du moindre plan, comme ce mini van qui s’échappe d’une rangée de bus bien plus imposant. L’humour nait de la trivialité et du dérisoires des situations, tel ce jet d’eau bien faiblard qui est comparé à la Fontaine de Trévi dans La Dolce Vita.

Le Quellec s’amuse des choses simples mais sans moquerie. Le film est plutôt un éloge de la simplicité, des conventions les plus banales. Sa réussite, c’est de puiser dans les effets les plus communs, pour offrir au film son beau cachet. Les personnages ont chacun une couleur désignée, le bleu pour lui, le rouge pour elle, et cela suffit largement à colorer le film. Preuve aussi de la belle délicatesse de Yann Le Quellec et de ses comédiens, tous ensemble parviennent à refaire la fameuse scène du baiser entre Jean Gabin et Michèle Morgan dans Quai des brumes, sans sombrer dans le ridicule, mais au contraire en réussissant à produire un joli moment qui est une forme de panache.

Drôle, original, généreux – la B.O nous contamine à ce point qu’on sent le beat monter en nous aussi – mais aussi tendre et sensible, Je sens le beat qui monte en moi est une très jolie découverte qui mérite largement l’honneur qui lui est fait d’une sortie officielle dans quelques salles.

B.T

Je sens le beat qui monte en moi ****

Sortie en salle le 13 juin 2012

Lire aussi :

  1. Le Sixième sens (Manhunter) de Michael Mann (1987)
  2. Enfances de Yann Le Gal, Isild le Besco, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Ismaël Ferroukhi, Corine Garfin, Safy Nebbou (2008)
  3. Alyah d’Elie Wajeman (2012)
  4. Sur la route (On the road) de Walter Salles (2012)
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Un commentaire sur “Je sens le beat qui monte en moi de Yann Le Quellec (2012)”

  1. Michelle Bonnefoy dit :

    C’est génial!

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