Peace, Love and Misunderstanding de Bruce Beresford (2012)

Depuis son Oscar du meilleur film en 1990 pour le joli Miss Daisy et son chauffeur, Bruce Beresford a progressivement disparu de la circulation. Parmi ses dernières livraisons, des séries B anecdotiques tels Double jeu (1999) et Le Contrat (2006). Bref, le néo-zélandais n’a plus vraiment la cote. Il nous revient avec Peace, Love & Misunderstanding, une comédie assez navrante qui ne l’aidera pas à se refaire une place au soleil.

Pour se consoler du divorce que son mari vient de lui demander, Diane (Catherine Keener), une avocate new-yorkaise un poil conservatrice, part se ressourcer  en compagnie de ses deux enfants adolescents chez Grace (Jane Fonda), sa mère a qui elle n’a plus rendu visite depuis vingt ans… et qui vit à Woodstock !

Le film est une comédie on ne peut plus convenue et qui déroule a peu près tous les clichés possibles. La mère et la grand-mère s’opposent du point de vue des valeurs, mais l’entente entre elles est bonne. De même, Diane entretient d’excellentes relations avec ses deux enfants. On est pas à Woodstock pour se faire la guerre mais bien pour trouver l’apaisement, c’est évident.

Le personnage de Diane passe rapidement au second plan. Si le scénario ne vise qu’à trouver l’âme soeur de chacun, il privilégie d’abord les atermoiements sentimentaux des deux adolescents. La première rencontre est la bonne : dès leur arrivée à Woodstock, chacun des personnages se voient immédiatement désignés par le scénario celle ou celui qu’il s’agira de séduire d’ici la fin du métrage. Zoe (Elizabeth Olsen) fond devant le beau boucher du coin (Chace Crawford), Jake (Nat Wolff) est sous le charme de Sara (Katharine McPhee), jeune militante pour la paix dans le monde. Quant à Diane elle n’est pas en reste et ne reste pas insensible face à Jude (Jeffrey Dean Morgan), ami de Grace et qui n’attend qu’elle pour rompre son célibat.

Le film se déroule sans surprise et égraine toutes  les scènes attendues. Puisque l’on est à Woodstock, on a le droit aux manifestations pacifiques, aux hippies au coin du feu, à l’initiation au cannabis, aux concerts rock et aux récits des venues au festival dans les années 60 de Bob Dylan et Jimmy Hendrix…

Le pire n’est même pas là. Le récit est entièrement envisagé à travers le point de vue de Jake. Le cadet de la famille, cinéaste en herbe, ne délaisse jamais sa caméra et filme tout ce qu’il peut dans le but d’immortaliser ses inoubliables vacances. Vous pouvez dès lors être certains que le film se terminera avec le résultat de son travail.  En l’occurrence, il a beau revendiquer son admiration pour Werner Herzog, il semble surtout se destiner à devenir le plus mauvais cinéaste du monde, quand bien même il est récompensé dans un festival étudiant à New York et qu’il est dit qu’il a du talent (sic).

La conclusion ne fait qu’enfoncer le clou de tout ce que l’on a vu auparavant. Peace, Love & Misunderstanding ne véhicule aucune sympathie particulière et ne vise qu’à établir toujours un certain conformisme. Le symptôme de ce formatage à tous les étages, c’est le contenu de la bande-originale. Qui dit Woodstock, suggère un certain esprit rock’n roll et une ambiance sixties auxquels le film échappe complètement. Les quelques morceaux que l’on entend en arrière plan – s’il valent mieux que les ballades acoustiques de Jeffrey Dean Morgan – n’ont rien de fameux et symbolisent assez bien l’esprit consensuel de l’ensemble.

Benoît Thevenin

Peace, love and misunderstanding *1/2

Lire aussi :

  1. Like someone in love de Abbas Kiarostami (2012)
  2. Tout est pardonné de Mia Hansen-Love (2007)
  3. Addicted to love (Lao Na) de Liu Hao (2010)
  4. Le Père de mes enfants de Mia Hansen-Love (2009)
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Un commentaire sur “Peace, Love and Misunderstanding de Bruce Beresford (2012)”

  1. Paul Napoli dit :

    Salut Benoit,
    Je te trouve un peu sévère mais c’est vrai que c’est un peu consensuel mais il y a bien pire dans les comédies romantiques américaines. Ma conjointe adore le genre et a mon goût j’en ai trop vu de qualité B voir C.

    J’ai vu sur Netflix cette comedie après avoir bcp apprécié Liberal Arts (2012) ou j’avais remarqué le charme et le talent de Elisabeth Olsen.

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