The Perfect family d’Anne Renton (2012)

Le dernier rôle marquant de Kathleen Turner reste celui de Mrs Lisbon, la mère excessive des soeurs de Virgin Suicides (2000). Sa participation à The Perfect family – pour lequel elle est également productrice exécutive – ne risque pas d’éclipser d’une quelconque manière le film de Sofia Coppola. Son personnage d’Eileen Cleary est pourtant le pendant naïf et positif de celui de Mrs Lisbon.

Eileen Cleary est une fervente catholique. Ses enfants sont adultes et elle voue tout son temps à la vie de paroisse de sa petite ville et aux bonnes actions. Le père Murphy, curé de son Eglise, pense à elle pour recevoir l’honneur d’être désignée « femme catholique de l’année ». Pour cela, Eileen va devoir prouver qu’elle mène une vie bien conforme aux principes de l’Eglise…

Avec ce genre de pitch, on peut s’attendre au pire comme au meilleur. Le meilleur aurait été possible si l’esprit avait été aux règlements de comptes (cf. Belles à mourir par exemple), si le ton avait été acerbe, si le scénario prenait le moindre risque de heurter les bonnes moeurs. Hélas, conformément à ce que l’on pouvait craindre, ce n’est pas du tout ce qui intéresse la jeune réalisatrice Anne Renton, laquelle signe là son premier long-métrage. Son film est une comédie bigote, très coincée du cul et qui va dérouler tout un catalogue de clichés tous plus affligeants les uns des autres.

Eileen va apprendre que sa fille (Emily Deschannel) est lesbienne, enceinte et compte se marier avec celle qu’elle aime et avec qui elle vit. Son fils (Jason Ritter) est lui en train de divorcer et n’attend pas que la séparation soit prononcée pour convoler déjà avec Theresa, un belle esthéticienne au décolleté très généreux et qui a quelques années de plus que lui. Quant à Franck, son mari (Michael McGrady), on ne tardera pas à apprendre qu’il participe régulièrement aux réunions des alcooliques anonymes. Aie aie, tout ceci risques de ne pas beaucoup plaire aux membres du clergé qui constitue le jury de l’élection. Pire, vous vous en doutez bien, Eileen porte elle-même un lourd secret qui sera LA grand révélation du film dans son dernier tiers. Vous n’aurez pas de peine à deviner par vous-même ce dont il s’agit…

Kathleen Turner fait ce qu’elle peux mais s’escrime en vain. Le scénario est désespérément lisse, symptomatique de tout un courant du cinéma US, qui généralement ne nous parvient pas en France, un cinéma aseptisé, mou, inoffensif, sans idée, sans ambition et sans style. Cette piètre découverte incombe à la première édition du Champs-Elysées Film Festival qui se déroule actuellement et jusqu’au 12 juin. Sa place en sélection officielle, en lice pour le prix du public, trouve une cohérence avec les participations dans la même section d’autres films (dont Jesus Henry Christ) s’inscrivant dans cette même tendance prude et conservatrice. Pourquoi promouvoir de tels films ?

Benoît Thevenin

The Perfect family *1/2

Lire aussi :

  1. Perfect sense de David Mackenzie (2011)
  2. Un Monde parfait (A perfect world) de Clint Eastwood (1993)
  3. Columbus Circle de George Gallo (2012)
  4. Vous n’avez encore rien vu d’Alain Resnais (2012)
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3 commentaires sur “The Perfect family d’Anne Renton (2012)”

  1. CM dit :

    Vous n’avez qu’une liste de points négatifs à mentionner, tout le monde n’a pas cette même opinion à propos de ce film.

  2. Benoît Thevenin dit :

    Je ne prétend pas avoir la science infuse, rassurez vous. Par contre, je vous invite à faire part de votre propre opinion. Que trouvez vous de si bien dans ce film et qui m’a échappé ?

  3. CM dit :

    Le fait que le film « ne soit pas acerbe » et « ne se risque pas à heurter les bonnes meurs » ne vous plait pas, mais c’est ce qui m’a plus, je n’ai aucunement envie de voir un film acerbe. Je n’avais nullement envie de voir un de ces films américians typiques, encensés par les critiques car faits avec un budget effets spéciaux de X millions, avec les super stars du moment (acteurs/realisateurs/producteurs), ou basés sur des comics, ou des remakes de films ou de séries. J’avais envie de voir un film différent.

    Quant au sujet, la réalisatrice l’a parfaitement expliqué dans ses interviews (ainsi que Kathleen Turner et Emily Deschanel): il n’était pas question de dénigrer le catholicisme (ou n’importe qu’elle autre religion d’ailleurs), mais de montrer le conflit entre une femme qui suit les préceptes de sa religion à la lettre (et même plus que cela, elle est restée « coincée » dans les années 70), et la vie normale actuelle (on voit qu’elle est étonnée du discours du père Joe, qu’elle n’a jamais rencontré quelqu’un comme lui, alors que de nos jours, même si ce n’est pas le plus courant, ce n’est pas non plus une exception). Il est intéressant d’avoir une variété des gens autour de la religion.

    Ensuite, je ne suis pas particulièrement fan de Kathleen Turner, mais même si parfois j’ai trouvé qu’elle en faisait trop, ou pas assez, elle montre en général assez bien les conflits de son personnage et sa tendance à vouloir imposer son point de vue (quel qu’il soit, religion ou non).

    Emily Deschanel, quant à elle, est excellente. On sent bien toute la peine de Shannon, son personnage, face au comportement de sa mère, et ceci, pas seulement dû au fait qu’elle soit lesbienne, mais au fait que sa mère veuille tout contrôler mais en même temps qu’elle n’ait pas été très présente. On voit bien son conflit entre défendre ses habitudes et son point de vue (agencement de sa cuisine, ce qu’elle mange) mais ne pas contredir sa mère à chaque fois, jusqu’au moment où sa mère va trop loin.

    Enfin, le sujet (parent religieux, enfant gay ou qui divorce…) peut être transposé, il n’est pas nécessaire d’être dans cette même position pour être touché par le film et ce que ressentent les personnages.

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