Paperboy (The Paperboy) de Lee Daniels (2012)

A l’origine, The Paperboy, adaptation d’un roman de Pete Dexter, était un projet porté par Pedro Almodovar. Après le succès de Tout sur ma mère, le cinéaste ibérique est parti tenter sa chance à Hollywood dans le but de réaliser son premier film en langue anglaise. Almodovar s’est heurté à la réalité du fonctionnement des studios et est vite retourné en Espagne. Plus de dix ans après, c’est à Lee Daniels qu’est revenu la charge de porter à l’écran le roman de Dexter. Lauréat à Sundance et aux Oscars avec Precious, le cinéaste américain a vu sa cote monter en flèche subitement.

On peut toujours imaginer ce qu’Almodovar aurait réussi à faire de cette histoire, comment il aurait pu imprimer son style etc. même si a priori l’exercice  ne présente que peu d’intérêt. Toujours est-il que l’histoire tourne essentiellement autour du personnage de Charlotte Bless (Nicole Kidman), une femme qui entretient une relation épistolaire torride avec un condamné à mort (John Cusack), et qui aurait pu devenir une vraie héroïne Almodovienne. Le personnage du Paperboy que joue Zac Efron,, et même celui de son frère (Matthew McConaughey) auraient sans doute aussi beaucoup intéressé Almodovar, dans le sens ou chacun des personnages de Paperboy est hypersexué.

L’action se déroule en Floride en 1969, il fait chaud, l’atmosphère est moite et les personnages, surtout celui de Zac Efron, ont une tendance assez nette à faire tomber le maillot. Cette ambiance où le sexe est omniprésent, aurait sans conteste convenu, à un cinéaste comme Almodovar. En revanche, la sensibilité de Lee Daniels est radicalement différente. Déjà avec Precious, Lee Daniels faisait preuve de lourdeur et de grossièreté, assumait sans honte un pathos dégoulinant mais teinté d’un humour complaisant du plus mauvais goût. On est avec Paperboy exactement dans le même registre. Le cinéaste ne renonce à aucune vulgarité mais à chaque fois avec l’alibi d’une dérision qui n’excuse pas tous ces excès. Que ce soit quand Charlotte urine sur Zac Efron pour « soigner » des piqûres de méduses, où la scène où elle se masturbe face à John Cusack et sous le regard de McConaughey et Efron, Lee Daniels va toujours un peu plus loin dans l’outrance et l’obscène.

Sa mise en scène, chichiteuse à souhait, répond aux même caractéristiques. Lee Daniels fait de l’esbroufe, insiste très lourdement sur la moindre des ses intentions, et finit par nous écoeurer littéralement. Cette vision du cinéma, tellement empreinte de mauvais goût et de vulgarité, ce n’est pas du tout la nôtre et on a un peu de mal à concevoir que ce film figure en compétition pour la Palme à Cannes…

Benoît Thevenin

Paperboy *1/2

Sortie française  le 14 novembre 2012

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