Sur la route (On the road) de Walter Salles (2012)

Après avoir été porté par des cinéastes comme Francis Ford Coppola (qui voulait en confier la réalisation à Jean-Luc Godard) ou Gus Van Sant, l’adaptation de Sur la route voit le jour sous la direction de Walter Salles. Sa signature est moins prestigieuse mais le cinéaste de Central do Brasil et Carnets de voyage est devenu par la force des choses une évidence pour mettre en images, enfin, ce roman-clé de la littérature américaine qu’a écrit Jack Kerouac.

Le livre a nourri des centaines d’artistes, musiciens, écrivains, cinéastes etc. inspirés par ces voyages aux longs courts, ce mode de vie nomade et en contradiction avec le fantasmagorique modèle de l’American Way of life.

Walter Salles est remonté aux sources du livre et de sa genèse, a retrouvé des paysages américains aujourd’hui redessinés en même temps que les empires commerciaux se sont étendus partout. Ce film c’est pourtant tout l’inverse de ce que représente le livre. Kerouac (Sal Paradise) et son ami Neal Cassidy (Dean Moriarty) proposent un mode de vie libre, un rêve d’indépendance, d’affranchissement aux contraintes et c’est en cela qu’il a séduit et séduira encore des générations éprises de liberté et en quête d’accomplissement personnel.

Walter Salles livre lui un film standard, un film lisse qui fuit les principaux intérêts du roman, qui galvaude les différentes rencontres dans le récit (avec Terry/Alice Braga, avec William « Old Bull Lee » Burroughs/Viggo Mortensen etc.), qui réduit le personnage de Marylou (Krysten Stewart) à un faux/vrai rôle de potiche entre les deux héros.

Ce Sur la Route là est ce que Kerouac n’aurait sans doute pas approuvé qu’il soit : un film symbolique d’un système qui aseptise tous, qui limite les risques et qui ne vise qu’au consumérisme le plus large. Le film empreinte les passages obligés, ne raconte finalement rien et ne va absolument nulle part. Qu’il est triste de transformer un livre aussi emblématique en entreprise autant consensuelle et insipide.

La belle lumière crépusculaire et la justesse du jeu des acteurs ne change en rien la donne. Le Sur la route de Walter Salles est coincé entre deux intentions, celle du respect de l’esprit originel du livre et de la Beat Generation dans son ensemble, et celle du besoin de proposer un film mainstream. Sur la route n’a rien de détestable, sera même sûrement bien reçu d’une manière générale, mais passe complètement à côté du grand film initiatique qu’il aurait pu être.

B.T

Sur la route **1/2

Sortie française le 23 mai 2012

Lire aussi :

  1. Route Irish de Ken Loach (2010)
  2. Sur la route de Madison (The Bridges of Madison County) de Clint Eastwood (1995)
  3. Les Noces rebelles (Revolutionary Road) de Sam Mendes (2008)
  4. Des hommes sans loi (Lawless) de John Hillcoat (2012)
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Un commentaire sur “Sur la route (On the road) de Walter Salles (2012)”

  1. selenie dit :

    100% d’accord… Salles livre un film avec des belles scènes mais dénué de cette substance « beat generation »… 2/4

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