Après la bataille (Baad El mawkeaa) de Yousry Nasrallah (2012)

Premier film égyptien de fiction depuis la chute du régime de Moubarak, Après la bataille doit sa sélection aux festivals de Cannes 2012 d’abord pour le symbole qu’il représente, plutôt que pour la qualité du film en lui même. Le sujet en lui même n’est portant pas inintéressant. Voir la société civile se relever d’un régime dictatorial dur, commencer de s’organiser démocratiquement, l’idée est assez alléchante sur le papier. Yousry Nasrallah, réalisateur de Femmes du Caire en 2009, nous présente ce film un peu plus d’un an seulement après la chute du régime de Moubarak. On peut alors penser que le film a été monté un peu trop promptement, et que vitesse et précipitation ont été confondu.

Le 2 février 2011, « les Cavaliers de la Place Tahrir' », aux ordres du Président Moubarak, s’attaquent aux révolutionnaires. Ces cavaliers sont des Egyptiens illettrés pour la plupart, qui travaillaient comme guides touristiques, proposaient des ballades en cheval ou chameaux aux vacanciers. La Révolution a fait fuir les touristes, et ces cavaliers ont perdu leur revenus. Ils sont acculés et facilement influençables. Quand on leur promet de retrouver leur travaille et gagner fortune si le Président retrouve son autorité, ils ne réfléchissent pas plus et défendent celui que le peuple dans sa majorité a choisi de chasser.

Mahmoud est l’un de ces Cavaliers. Il vit d’autant plus mal sa situation qu’il a été humilié. Il a été tabassé par les manifestants lors de la charge, et la vidéo circule malheureusement pour lui sur youtube. L’humiliation n’est pas que pour lui, mais pour son fils aussi qui subit les brimades de ses camarades à l’école. Reem est elle une jeune femme moderne, laïque et qui va prendre en sympathie la famille de Mahmoud et les aider.

Le film est loin d’être inintéressant, qui propose un panorama de la situation aux lendemains de la Révolution. Une évidence est énoncée dès les premiers instants, les égyptiens qui ont subit pendant des décennies d’un régime autoritaire ne vont pas en quelques semaines devenir des parangons de démocratie. Celle-ci semble être mise en mouvement à l’initiative de femmes. Reem représente à elle seule tout un groupe de femmes modernes et déterminées à faire évoluer les choses.

Là où le film déçoit, c’est de part ses acteurs, amateurs certes mais très peu convainquant, et sa mise en scène on ne peut plus académique. Mais surtout, c’est de son scénario que le film souffre. Les personnages sont assez archétypaux et le rythme est très mal tenu. Pendant une bonne demi-heure en plein coeur du film, l’histoire tourne en rond et n’avance plus. On ne peux pas reprocher au cinéaste ses bonnes intentions mais chacune est répétée et surlignée. Après la bataille est un film insupportablement didactique et qui au final, à force d’enfoncer des portes ouvertes ou d’appuyer une symbolique un peu trop lourde, nous donne le sentiment de tourner complètement à vide. C’est dommage car cette Révolution mérite évidemment un film qui saura lui rendre justice.

Benoît Thevenin

Après la bataille **

Lire aussi :

  1. Après lui de Gaël Morel (2007)
  2. La Bataille d’Alger (La Battaglio di Algeri) de Gillo Pontecorvo (1966)
  3. Alyah d’Elie Wajeman (2012)
  4. Marley de Kevin MacDonald (2012)
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