Battleship de Peter Berg (2012)

Les distributeurs français ont décidé de ne pas proposer de traduction pour le titre mais le logo Hasbro à l’intérieur du générique est là pour nous le rappeler : le film est un produit dérivé du célèbre jeu de bataille navale Touché-Coulé. La branche production cinéma de Hasbro livre là son cinquième blockbuster en cinq ans, après le triptyque de la franchise Transformers par Michael Bay, et G.I. Joe par Stephen Sommers (en attendant sa suite, cet été dans les salles).

Battleship exploite une recette qui semble être, à peu de choses près, celle de Transformers : un casting de jeunes premiers (Taylor Kitsch et Brooklyn Decker vs Shia LaBeouf et Megan Fox), des vaisseaux géants extraterrestres qui se déploient de façon spectaculaire, des scènes de destructions et d’innombrables explosions etc. La séquence d’ouverture, stupide et grossière, semble d’ailler placer décidément Battleship dans la lignée des robots destructeurs de Bay. Aie… Rassurez-vous, Peter Berg n’est pas Michael Bay.

L’acteur reconvertit cinéaste depuis déjà presque quinze ans (Very Bad Things en 1998) n’est plus un novice. Battleship est même son sixième film déjà et jusqu’alors, il ne s’est pas si mal débrouillé. Michael Mann, qui l’a dirigé comme acteur dans Collateral, l’a même pris sous son aile en produisant Hancock et Le Royaume. Il y a pire patronage. Cela dit, n’allez pas chercher du Michael Mann dans Battleship, il n’y en a pas.

L’histoire de Battleship est certes basique et un simple prétexte à une immense bataille navale dans les eaux du pacifiques. Pour autant, et à l’inverse de ce qui nous était suggéré dans la séquence d’ouverture, on est pas vraiment là pour rigoler. Les extraterrestres montrent en tout cas qu’ils n’ont aucun goût pour la plaisanterie et s’installent sur Terre stratégiquement et en toute cohérence pour remplir un objectif simple : la colonisation de la planète bleue et l’anéantissement de la race humaine. La flotte US va être mise à très rude épreuve par la puissance extraterrestre, laquelle fait preuve d’une certaine intelligence, ce qui n’est pas si courant dans ce genre de films…

Cela dit, il n’est pas question de laisser l’humanité disparaitre. Si les E.T sont malins, les soldats de la Marine le sont encore plus. Battleship vante sans surprise les valeurs et le courage de la Marine US. L’esprit patriotique aussi est mis en exergue, mais les scénaristes ont imaginé une coopération avec la marine nippone pour nuancer avec un minimum de subtilité cette impression. Bien vu.

En fait, Battleship rejette en bloc à peu près tout ce qui est gerbant dans les films de Michael Bay ou de Roland Emmerich : pas d’humour en bas de la ceinture, pas de sexisme, pas de patriotisme exacerbé etc. L’action est décomplexée mais le spectacle ne vise pas non plus à l’abrutissement des spectateurs. On n’en sortira pas non plus plus intelligent, c’est sûr, mais le film offre la preuve que l’on peut produire des films profondément bourrins sans pour autant flatter nos plus bas instincts.

On ne peut même pas dire que Battleship fait la promotion de la Marine américaine tant la flotte est rapidement réduite à néant. Les vrais héros du film, ceux qui sauveront l’humanité, ne seront pas tout à fait  ceux que l’on attend. Battleship en arrive à promouvoir la solidarité des hommes, la fiabilité d’une entreprise ancienne et qui nécessite un savoir-faire, cela en opposition avec les technologies les plus avancées qui au final se révèlent innefficaces. Ce n’est pas un reproche mais ceci rentre cependant en contradiction avec les moyens déployés pour ce film, qui pour le coup n’ont rien d’artisanaux. Au contraire, Peter Berg nous en met plein la vue, ça explose de partout et de manière presque ininterrompue. A la longue, toutes ces explosions, c’en est même éreintant pour l’oeil du spectateur ! Reste que le film procure un véritable plaisir et complètement assumé.

Benoît Thevenin

Battleship ***

Sortie française le 11 avril 2012

Lire aussi :

  1. Le Royaume (The Kingdom) de Peter Berg (2007)
  2. Hancock de Peter Berg (2008)
  3. Altiplano de Peter Brosens et Jessica Woodworth (2009)
  4. Daybreakers de Michael et Peter Spierig (2010)
Email

Un commentaire sur “Battleship de Peter Berg (2012)”

  1. selenie dit :

    Un scénario qui penche pas mal du côté « Armaggedon » et un patriotisme exacerbé à outrance qui rappelle Bay et Emmerich. C’est bourrin, primaire et sans nuance malgré une certaine efficacité… 1/4

Laisser une réponse