Les Proies ( El Rey de la Montaña) de Gonzalo Lopez-Gallego (2007)

La colline à des yeux. Nous rentrons d’emblée dans le film grâce au personnage de Quim, un homme d’une trentaine d’année apparament calme et posé. Il rentre dans une station-service, une jeune femme s’offre à lui dans les toilettes mais lui vole son porte-feuille. Il tente de partir à sa poursuite mais se perd dans la montagne ou très soudainement, il se retrouve la cible de tirs au fusil. La journée aurait pu mieux commencer… Le Roi de la montagne est un film a hauteur d’homme, de Quim en l’occurrence, dont la caméra épouse longtemps son point de vue. La mise en scène immersive oblige le spectateur à partager avec lui l’angoisse et le mystère qui se joue alors.

Quim est dans la ligne de mire, bientôt blessé, bientôt assassin malgré lui. Il n’est qu’une bête sauvage, la proie de chasseurs sadiques. Le film est assez impressionnant pour ça, cette chape de plomb qui pèse sur lui, cette atmosphère oppressante et tout le caractère humain apposé au film. Les personnages sont tous paniqués, à fleur de peau, perdus. Ils ne pensent qu’à leur survie. Et ils sont souvent très lâche. Il n’y a pas de héros dans Les Proies, juste un drame qui se noue autour de quelques victimes gratuites d’un jeu dont nous ne connaissons pas encore les règles.

Le mieux pour savourer le film au maximum, est d’en savoir le moins possible, de se laisser embarquer dans cette traque assez incroyable. Dans le dernier tiers, un basculement opère très soudainement. On change de point de vue et là, il y a de quoi être assommé. De nouvelles questions se posent alors, renforçant d’autant plus le mystère, et des questions qui resteront sans réponse. Les Proies est un film captivant et impressionnant. Par son style âpre, sec, de part les décors arides des montagnes espagnoles, Les Proies rappelle un autre film espagnol récent lui aussi particulièrement dur et fascinant, La Nuit des tournesols. Voila deux films qui incarnent une même idée de cinéma, a la fois très ambitieuse mais aussi discrète, maîtrisée et honnête. Les Proies est en tous les cas la première vraie découverte du 15ème festival de Gérardmer.

Benoît Thevenin

Les Proies ****

Sortie française le 16 juillet 2008

Lire aussi :

  1. Les Proies de Sofia Coppola (2017)
  2. Villegas de Gonzalo Tobal (2012)
  3. Shrooms de Paddy Breathnach (2007)
  4. Lust, Caution (Se Jie) d’Ang Lee (2007)
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