L’Amour dure trois ans de Frédéric Beigbeder (2011)

Vous en connaissez beaucoup des comédies romantiques qui commencent par une « citation » face caméra de Charles Bukowski ? Oui mais voilà, on est dans un film de Frédéric Beigbeder, son premier, et c’est un film qui lui ressemble : romantique, maladroit, cynique, léger comme une bulle de champagne, réunissant en guest star tout un carnet d’adresse people, nombriliste et chargé d’auto-dérision… Tout y est et c’est ce cocktail qui fait qu’on l’apprécie. Votre opinion de Beigbeder ne devrait pas varier d’un iota à la vision du film. C’est tout le contraire.

Adaptation très fidèle de son roman, peut-être de tous ceux qu’il a écrit, le plus drôle et le plus attachant, L’Amour dure trois ans a ce côté puéril qui, plus de dix ans après la publication du livre, n’a pas perdu  grand chose de sa verve cruelle, désabusée et tout à la fois naïve, qui faisait tant le roman. Le néo cinéaste semble conscient de la difficulté de se mettre en scène à la façon d’un équilibriste, car l’image laisse encore moins de marge d’acceptation aux errances égocentriques de l’auteur que les seuls mots. Fidèle quand même à la littérature, le film use beaucoup de ces mots, quitte à les marquer à l’écran, à s’autoriser des citations de son roman qui sonnent comme des slogans etc.

Le film est loin d’être parfait mais il n’a pas non plus cette ambition là. L’amour dure trois ans est fragile, timide mais il réussit à séduire. Déjà parce que le duo Gaspard Proust – Louise Bourgoin fonctionne bien. Il y a une alchimie qui existe entre eux. On s’attache à ce couple. Et Louise Bourgoin rayonne. Les robes légères lui vont décidément très bien.

Beigbeder réussit ses premiers pas de réalisateurs, non pas parce qu’il affiche un talent de metteur en scène, mais parce que le film est touchant et amuse beaucoup. On rit, on se reconnait un peu dans les personnages. C’est un film dans l’air du temps, qui ne parle de rien mais parle à tous.

Certes le film parait parfois de très mauvais gout, mais c’est du Beigbeder pur jus : les références kitschs sont récurrentes aussi dans sa production d’écrivain, mais elles font du personnage quelqu’un de crédible, car un niveau culturellement élevé n’empêche en rien les plaisirs coupables. Qui pour prétendre le contraire ? Certainement pas Beigbeder, dont l’invitation faite à Michel Legrand d’apparaître dans son film va complètement dans ce sens. Beigbeder s’est simplement fait plaisir, et ce faisant provoque le nôtre. L’Amour dure trois ans est finalement une bien agréable surprise.

Benoît Thevenin

L’Amour dure trois ans ***1/2

Sortie française le 18 janvier 2012

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Un commentaire sur “L’Amour dure trois ans de Frédéric Beigbeder (2011)”

  1. selenie dit :

    Une com rom plus profonde qu’il n’y parait et donc moins classique qu’oon pourrait le croire. Un casting hétéroclyte inspiré qui aide pas mal… 3/4

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