Mission : Impossible – Protocole fantôme (Mission: Impossible – Ghost Protocol) de Brad Bird (2011)

On connait les réalisateurs de films live qui s’essaient à l’animation, mais moins ceux qui font le chemin inverse. J.J. Abrams, qui a brillamment relancé la franchise Mission : Impossible en réalisant le 3e épisode, est allé chercher Brad Bird, le génial réalisateur du Géant de fer (1999) passé ensuite chez Pixar (Les Indestructibles en 2004, Ratatouille en 2007) pour mettre en scène le quatrième opus. A la vue du résultat final, J.J. Abrams a été bien inspiré…

Brad Bird reprend donc les bases installées par J.J. Abrams. Dans MI3, Ethan Hunt commençait à se mettre à l’écart de son activité d’agent secret et optait pour une vie familiale simple et rangée. L’action aura eu raison de ses voeux et dans MI4 on retrouve d’abord Ethan Hunt enfermé dans une prison russe. Suite à la mort sur le terrain d’un agent secret, la nouvelle équipe de Mission : Impossible débarque pour favoriser sa fuite. Benji (Simon Pegg) est cette fois sur le théâtre des opérations et organise une spectaculaire mutinerie qui laisse le champs libre à Hunt. L’agent ne perd pas de temps et retourne aux affaire, direction le Kremlin.

La nouveauté de MI4, c’est l’association directe entre Ethan Hunt et Benji, soit la constitution d’un duo typique des buddy movies. Mission : Impossible 4 misera sur l’action, c’est évident, mais aussi sur l’humour, ce qui l’est déjà moins. En l’occurrence, le duo est efficace, la couardise de Benji s’accordant bien avec l’inconscience intrépide de Hunt. La séquence du Kremlin se déroule ainsi en deux temps, une phase burlesque qui voit les personnages cheminer vers leur objectif ; puis une phase explosive, littéralement, ou le duo se fait doubler et le Kremlin être partiellement détruit dans une séquence qui souffle aussi le spectateur. La mise en route de MI4 ne peut pas être plus efficace.

De là l’explication du titre de cet épisode, Protocole fantôme. Mission : Impossible est désavoué suite à la destruction du Kremlin, les enjeux diplomatiques devenant ultra-sensibles. L’équipe sera livrée à elle même, sans base arrière et aucun soutient logistique. Elle agit pour le gouvernement mais si cela se passe mal, le gouvernement niera toute responsabilité. « Pas de  plan. Pas de renfort. Pas le choix ».

L’action se déplace ensuite à Dubaï. Ethan Hunt s’est déjà confronté à l’Oriental Pearl Tower de Shanghaï dans MI3, mais il devra aller encore plus haut cette fois et gravir la Burj Khalifa, ni plus ni moins que la plus haute tour du monde. La séquence est le morceau de bravoure du film, à la fois complètement improbable mais avec un cinéaste qui veille à ne pas aller trop loin dans la surenchère. L’action devient proprement vertigineuse et l’on a beau être conscient de l’invulnérabilité d’Ethan Hunt, on est totalement saisit, agrippé à notre fauteuil lorsque Ethan se rattrape in-extremis. L’efficacité est maximale et ne sera jamais démentie.

Mission : Impossible a cette particularité de se déployer depuis toujours dans la verticalité. A ce jeu là, Brad Bird réussit à offrir à la franchise ses moments les plus épiques. Il alterne certes avec des séquences classiquement horizontales, notamment un joli girlfight entre Paula Patton et Léa Seydoux qui vaut aussi son pesant , ou une belle poursuite en aveugle en pleine tempête de sable. C’est pourtant dans une séquence « verticale » que MI4 impressionne encore avec un affrontement très viril dans un parking automatique à Mumbaï où Ethan Hunt et sa némésis Hendricks (Michael Nyqvist) sautent de plate-forme en plate-forme pour se rendre coup pour coup. Là encore, Brad Bird se révèle particulièrement à l’aise et livre aux spectateurs une dernière salve de sensations fortes.

On a l’impression que le film représente in fine la quintessence des trois précédents opus, condense la virtuosité de De Palma dans le 1er, le côté invulnérable de Ethan Hunt dans le second par John Woo mais aussi l’humanisation du personnage entamée dans MI3 par J.J Abrams. Ethan Hunt a beau être un poor lonesome cowboy, il est aussi un garçon sensible, ce pour quoi la séquence finale – prétexte pour convoquer quelques cameos sympathiques – est là pour nous rappeler aussi. En tout cas, Brad Bird réussit très haut la main son examen de passage à la réalisation live, nous épate même, et livre ce qui est probablement, le meilleur film d’action de l’année. Au moins…

Benoît Thevenin

Mission : Impossible – Protocole fantôme ****1/2

Sortie française le 14 décembre 2011

Lire aussi :

  1. Mission : Impossible III (Mission: Impossible III) de J. J. Abrams (2006)
  2. The Ghost-writer de Roman Polanski (2010)
  3. Kill List de Ben Wheatley (2011)
  4. Headshot (Fon Tok Kuen Fah) de Pen-ek Ratanaruang (2011)
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