On the ice d’Andrew Okpeaha MacLean (2011)

Deux adolescents de la communauté inupiat en Alaska voient leur vie bouleversée lorsque, à la suite d’une dispute avec un de leur ami, ils tuent accidentellement ce dernier. Les deux décident d’abord de se débarrasser du corps mais très rapidement le poids de la culpabilité les ronge…

A partir d’un canevas simple – prolongement d’un précédent court-métrage du cinéaste intitulé Sikumi (aka On the ice en langue inupiaq), lequel a été primé à Sundance en 2008 – Andrew Okpeaha MacLean signe un drame fort, dont le premier intérêt tient au fait que le film se déroule à Barrow, à la pointe nord de l’Alaska. Les films se déroulant à l’intérieur du cercle arctique ont souvent ceci de fascinant que les saisons sont longues, le soleil ne se couche pas de novembre à janvier et la lumière se reflète sur une neige d’une blancheur éclatante.

Dans On the ice, la glace craquelle de partout, mais pas seulement de façon visuelle. Le cinéaste signe un film ou tout est soumis à un écartèlement, que ce soit les valeurs d’une communauté ou la mise en scène elle-même. Andrew O. MacLean profite au maximum des grands espaces qui s’offrent aux personnages et, par ricochet aux spectateurs ; mais il ne se contente pas de filmer grand angle. Le cinéaste alterne plans larges et plans serrés sur les visages des protagonistes, il les colle au plus près, comme pour les enraciner dans le contexte géographique, comme pour les retenir prisonniers de leur condition, de cette culpabilité qui gronde en eux.

Le film est fortement ancré dans son contexte géographique et le cinéaste fait le choix d’un certain réalisme. On ressent toute cette rigueur imposée par le froid, le poids de chaque pas dans cette neige épaisse, glacée et qui craque. Andrew O. MacLean installe son intrigue dans un univers qu’il appréhende bien, et c’est ce qui l’intéressait. Au festival de Deauville ou son film était présenté en compétition, le cinéaste confiait volontiers avoir voulu montrer la vie dans cette région telle que lui la connait.

Il décrit ainsi une communauté isolée et de fait repliée sur elle même quoique soumise au commun conflit entre tradition et modernité. Les héros sont des adolescents connectés à internet, qui ont un portable, écoutent de la musique urbaine et se déplacent en motoneige. En regard de ce mode de vie moderne, la communauté vit grâce à la pêche aux phoques, soit une économie parfaitement traditionnelle et même ancestrale. L’opposition se situe aussi sur le plan des valeurs, celles intègres et strictes représentées par le père d’un des personnages, et l’égoïsme qui se manifeste au contraire chez les adolescents.

On the ice est plutôt captivant, au moins de part l’atmosphère que le cinéaste réussit à installer. En revanche, le récit ne brille pas par son originalité et demeure très prévisible. On s’agace parfois de la trop grande simplicité de certaines situations ou des dialogues. Cela dit le cinéaste maitrise quand même bien les ressorts de l’histoire et on peut lui ajouter le crédit d’une excellente direction d’acteur tant les comédiens sont convaincants. Pour un premier film, Andrew O. MacLean affiche plutôt de belles promesses et sa réussite est notable.

Benoît Thevenin

On the ice ***1/2

Sortie française le 14 décembre 2011

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  2. [Concours] On the ice : 5 places à gagner
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