Bienvenue à Gattaca (Gattaca) d’Andrew Niccol (1997)

En quelque semaines, le nom d’Andrew Niccol est apparu sur toutes les lèvres. Qui est ce petit génie sortie de nulle-part et qui en deux films consécutifs sortis peu ou prou en même temps, a impressionné tout le monde, autant pour les qualités intrinsèques des films que pour les questions qu’il suscite chez le spectateur ?

Andrew Niccol a vendu son premier scénario à Scott Rudin qui souhaitait un réalisateur expérimenté pour diriger le projet de The Truman Show. Peter Weir s’en est brillamment chargé et pendant ce temps là, Andrew Niccol faisait lui-même ses débuts de cinéaste avec Bienvenue à Gattaca.

Le rookie néo-zélandais réunit pour son premier film un casting de jeunes acteurs en devenir. Uma Thurman a étourdit bien des garçons depuis son interprétation de Cécile de Volanges dans Les Liaisons dangereuses (Stephen Frears, 1988) et même déjà dansé avec John Travolta chez Tarantino (Pulp Fiction, 1994) ; Ethan Hawk a  grandit depuis Croc Blanc (Randal Kleiser, 1991) et notamment flirté avec July Delpy sur les bords de la Seine (Before Sunrise, Richard Linklater, 1995). Quant à Jude Law, il a bien joué dans quelques films, mais c’est véritablement à partir de Gattaca que tout commence pour lui. Sa carrière sera définitivement lancée par Cronenberg avec eXiztenZ en 1999.

Dans un futur proche, Gattaca est un centre d’étude aérospatial qui accueille l’élite de la société, des individus au patrimoine génétique parfait et élaboré avec un généticien en amont de leur naissance. Vincent (Ethan Hawke) est né naturellement, son patrimoine génétique n’est pas nettoyé des tares que lui ont légué ses parents. Il présente notamment des problèmes cardiaques qui, d’après les calculs d’un ordinateur, auront raison de lui autour de ses trente ans. Pour leur deuxième enfant, les parents choisissent de prévenir tout risque et ont recours à l’eugénisme. Ainsi nait Anton.

Vincent rêve d’être astronaute mais en tant qu' »invalide », il ne peut prétendre intégrer Gattaca. En plongeant dans l’océan avec son frère supposé supérieur car génétiquement programmé pour être le premier, Vincent se prouve à lui même, en réussissant à vaincre Anton, qu’il est capable de faire aussi bien sinon mieux que ceux qui présentent un patrimoine génétique impeccable, seul critère d’admission à Gattaca.
Pour aller au bout de son rêve, Vincent va échanger son identité avec Jerome (Jude Law) un « valide » devenu paraplégique à la suite d’un accident provoqué volontairement. Jerome fournit à Vincent tous les échantillons d’urine, de sang etc. nécessaires pour déjouer les nombreux tests ADN auquel les membres de Gattaca sont soumis. Vincent réussit à intégrer Gattaca. Il en devient un élément tellement performant qu’il est choisit pour rejoindre l’équipe d’astronautes qui s’envolera vers Titan, un satellite de Saturne, pour une mission d’un an. Une semaine avant le départ, un meurtre est commis au sein de Gattaca. L’enquête qui fait suite va voir l’étau se resserrer implacablement sur Vincent…

Comme avec Truman Show, Andrew Niccol a écrit une histoire dans laquelle l’Homme se substitue à Dieu, avec l’idée de créer un monde parfait. Gattaca est une société totalitaire, verrouillée de partout, soumise à un contrôle strict et sans pitié. Il n’y a aucune place pour le désordre ou l’a peu près. A l’instar de Truman Burbanks dans Truman Show, Vincent Freeman va, par tous les moyens, s’acharner à s’extirper de sa condition initiale pour franchir la barrière vers l’autre monde, celui qui lui est interdit. La différence entre les deux héros tient au fait que Truman n’est pas conscient au départ de sa mise à l’écart.

Avec Bienvenue à Gattaca, Andrew Niccol réussit un authentique coup de maître, un film élégamment réalisé, envoutant par la magnifique bande-originale de Michael Nyman, et qui réussit parfaitement le mélange entre science-fiction et thriller à fort suspens. Presque quinze ans après, le film n’a quasiment pris aucune ride, n’a rien perdu de son efficacité ni de l’émotion qu’il déploie, et encore moins son actualité. La société n’a pas encore basculé dans le système extrême décrit là, mais la question de la manipulation génétique, de l’eugénisme se fait peu à peu de plus en plus pressante, avec des applications médicales qui commencent à voir le jour. En France, le Conseil Consultatif National d’Ethique veille à priori – et scrupuleusement – au grain. Il le faut, car les enjeux sont important, ce que Bienvenue à Gattaca, par les moyens de la fiction, parvient à rappeler avec beaucoup d’intelligence et de prescience.

B.T

Bienvenue à Gattaca *****

Sortie française le 29 avril 1998

Lire aussi :

  1. Time Out (In Time) d’Andrew Niccol (2011)
  2. Simone (S1m0ne) d’Andrew Niccol (2002)
  3. Lord of war d’Andrew Niccol (2005)
  4. Point de rupture (Breakdown) de Jonathan Mostow (1997)
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Un commentaire sur “Bienvenue à Gattaca (Gattaca) d’Andrew Niccol (1997)”

  1. selenie dit :

    Ethan Hawke et Jude Law jouent parfaitement, Uma Thurman est plutôt effacée et sans relief. Le manque de suspense (l’intrigue policière n’est pas assez efficace sur ce point) et le manque d’émotion laisse un léger goût d’inachevé. Cependant ce film est une réussite et offre une réflexion, sans être parfait le film mérite donc qu’on s’y attarde. 3/4

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