The Seafarers de Stanley Kubrick

Après Flying Padre, Stanley Kubrick se met en tête de réaliser son premier long-métrage. Il convainc l’écrivain Howard Sackler d’écrire un scénario inspiré par la guerre entre le nord et le sud de la Corée et intitulé Shape of fear. Kubrick prépare méticuleusement son film, qu’il prévoie de tourner à Los Angeles, sans son direct, en 35mm et pour, grâce à la rigueur de sa préparation, un coût inférieur aux budgets habituels pratiqués à Hollywood.

Stanley Kubrick cherche et trouve le financement nécessaire, persuadant notamment sa famille d’investir dans son projet. Le casting est rapidement bouclé – avec notamment le jeune Paul Mazusky, Franck Silvera et Virginia Leith – et l’équipe sera constituée essentiellement de machinos mexicains dégotés sur place.

Kubrick démarre le tournage de Shape of fear dès l’été 1951, occupe plusieurs postes techniques dont celui de cadreur et chef opérateur, et semble réussir dans son entreprise à hauteur de sa haute ambition. Il se heurte toutefois à une difficulté qu’il avait sous-estimé. Le travail pour la bande-son s’avère bien plus compliqué qu’il ne l’avait envisagé.
Les syndicats s’inquiètent eux de paiements non effectués et Kubrick décide d’interrompre la post-synchronisation de son film pour retourner à la réalisation de films documentaires de commande, histoire de se refaire une santé financièrement et boucler Shape of Fear

Dans le laps de temps entre l’interruption et la reprise de la post-synchronisation de Shape of fear, Stanley Kubrick réalise plusieurs films institutionnels, dont un documentaire pour les Affaires étrangères et une biographie de Lincoln ou il officie en tant que réalisateur de seconde équipe. Kubrick n’assumera pas ces films et aujourd’hui seul The Seafarers est encore visible.

The Seafarers est un documentaire institutionnel commandé par un syndicat de marins, The Seaferers International Union (S.I.U), et tout à la gloire de ce dernier. Le film est le plus long des courts-métrages de Stanley Kubrick (25 minutes) et ne présente que peu d’intérêt pour nous. L’objectif de ce court-métrage est d’inciter des marins à l’adhésion au syndicat. Nous ne représentons pas alors le coeur de cible visé.

Le film est néanmoins le premier de Kubrick en couleur (le prochain sera Spartacus en 1960) et aussi le premier à montrer des séquences avec un son direct. Le son étant alors une de ses préoccupations pour terminer Shape of fear, on imagine que la commande de S.I.U a suscité un réel intérêt pour le jeune cinéaste. En même temps qu’il expérimente, il s’aguerrit.

Dans la foulée de The Seafarers, Kubrick travaille sur la biographie Mr Lincoln réalisée pour la télévision par Norman Lloyd, puis il revient vers Shape of fear qu’il achève enfin. Ce premier long-métrage finira par être exploité en 1953, mais sous un autre titre, celui qu’on lui connait aujourd’hui malgré que le film demeure invisible : Fear and desire.

Malgré quelques critiques enthousiastes (dont une figure dans l’exposition actuellement installée à la Cinémathèque Française), Kubrick ne supporta pas les défauts liés à sa jeunesse et à son inexpérience que certains notèrent. Le cinéaste reniera toute sa vie le film, cherchant même à en brûler les copies. Aujourd’hui encore, son épouse Christiane et son beau-frère Jan Harlan veillent à ce que la volonté de Stanley Kubrick soit respectée,  ce qui explique que Fear and desire ne figure pas dans la rétrospective intégrale qui se déroule en ce moment à la Cinémathèque Française également (et jusqu’au 31 juillet 2011).

Benoît Thevenin

The Seafarers ***

Lire aussi :

  1. Day of the fight de Stanley Kubrick
  2. Flying Padre de Stanley Kubrick
  3. Hommage à Stanley Kubrick (26/07/1928 – 07/03/1999)
  4. Napoléon de Stanley Kubrick : le plus grand film jamais tourné (?)
Email

3 commentaires sur “The Seafarers de Stanley Kubrick”

  1. Axel dit :

    Oui, je l’avoue, j’ai fermé les yeux devant The Seafarers… En plus, j’ai le mal de mer, donc je ne suis définitivement pas le cœur de cible de ce film institutionnel.

  2. Rina Sherman dit :

    Bonjour,
    Auriez-vous une référence pour le film que Kubrick a fait pour les Affaires étrangères ?

    Cordialement,

    Rina Sherman

  3. Malheureusement je ne peux pas vraiment vous renseigner. Je ne crois pas que ce film soit en circulation.

Laisser une réponse