La Ligne droite de Régis Wargnier

A sa sortie de prison, Leïla, ex-athlète de bon niveau, est en quête de nouveaus repères et de réinsertion dans la société. Elle traine sa peine jusqu’au stade Charléty, théâtre de sa vie passée, et rencontre par hasard Yannick, un jeune athlète aveugle. Yannick ne supporte pas son handicap et le regard qu’on porte sur lui. Il devine en Leïla une personne avec qui il peut réellement avancer et progresser. Leïla accepte sa proposition de le coacher et d’être son guide sur la piste…

Les bonnes intentions de La Ligne droite sont claires mais le film ne convainc pas. Trop de bonnes intentions ont tendance à tuer tout intérêt et c’est là vraiment le cas. La Ligne droite se voit comme une leçon d’abnégation et de courage mais se retrouve plombé par une somme de stéréotypes et de faits d’intrigues quelque peu appuyés et tirés par les cheveux. Les accidents de vie  qui marquent les parcours de Leila (Rachida Brakni)  et de Yannick (Cyril Descours), ce n’est pas qu’ils ne sont pas crédibles, mais on en est pas loin quand même.

On peut saluer l’implication des comédiens, le travail physique effectué qui n’a pas du être une partie de plaisir tous les jours, mais force est de constater que le duo n’affiche pas la complémentarité recherchée. Ou plutôt, ce n’est pas ça qui est en tord, mais plutôt un manque de justesse des personnages, des échanges verbaux qui sonnent faux etc. On comprend la colère qui anime le personnage de Yannick, sauf qu’il n’évolue guère de ce point de vue là, ne s’exprime qu’en hurlant après tout le monde, ce qui au bout d’un moment est pénible. Le personnage, pour son égoïsme forcené et ses colères constantes, est assez détestable.

Si le film avait été meilleur, il aurait permit peut-être ce qu’il ne réussit finalement pas : mettre en avant les athlètes du handisport et leurs qualités, afficher l’honorabilité de cette frange du sport, méconnue et qui n’attire pas à priori. Ca n’empêche pas l’empathie et le respect. Ca n’empêche pas la considération des personnes handicapées à l’égal de n’importe quelle personne. Le film tourne autour de ces questions, les assène même. On évite le pathos, mais pas la naïveté moralisatrice. Le sujet méritait un traitement mieux inspiré.

Benoît Thevenin


La Ligne droite – Note pour ce film : **


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