Une pure affaire de Alexandre Coffre (2011)

Coincé dans une vie familiale bien rangée mais pas aussi belle qu’il ne l’avait rêvée, un père de famille trouve opportunément un sac rempli de cocaïne. Il choisit de s’improviser dealer et commence à embellir sa vie… mais ce n’est finalement que le début des emmerdes.

Ce sont d’abord les qualités d’écriture qui sautent immédiatement aux yeux. Les personnages et les situations sont finement établies et Alexandre Coffre a une façon très progressive et très juste de nous mener d’une action à la suivante. Il y a un côté cinéma vérité, d’une part parce que tout sonne vrai, et d’autre part parce que la caméra accompagne les personnages au plus près, dans un style propre et maitrisé mais qui cherche comme à se dissimuler. Il y a une impression de caméra cachée qui coïncide bien avec la voie clandestine vers laquelle le personnage de David Pelame (François Damiens) s’engage.

Une pure affaire n’est pas une pure comédie. On rit souvent, mais le ton n’est pas simplement comique. Alexandre Coffre va au-delà. Le film emprunte les sentiers de différents genres, à la fois film social, thriller, chronique d’une famille en crise et comédie noire. Tout est très mélangé et nuancé et dès lors le film ne se range vraiment dans aucune case. C’est une des grandes réussites du métrage car Alexandre Coffre gère très habillement cette somme, sans se laisser embarquer dans aucune sorte de démonstration. Le film reste humble, à hauteur d’homme, et tout ce qui arrive est plausible, complètement crédible. Il est sans doute aisé de s’identifier aux personnages. Se poser la question de ce que l’on ferait à leurs places parait simplement naturel.

Si le film n’est pas tout à fait une comédie, il n’empêche que l’on rit souvent. L’humour est grinçant, quelque peu caustique, mais dans des proportions qui ne sont pas spectaculaires et tant mieux. Alexandre Coffre maintient ainsi un équilibre général qui fait toute la richesse d’un métrage qui fonctionne aussi beaucoup sur le flegme de François Damiens et la détermination mal assurée de Pascal Arbillot.

Une pure affaire constitue au final une excellente surprise, un film gentimment amoral, qui se garde bien de s’ériger en exemple ou de donner la moindre leçon, mais qui révéle par touches simples et successives, quelques chose de juste concernant les relations entre les personnages, la vie de couple, la relation aux enfants, le monde du travail, les lâchetés et les coups tordus des uns et des autres etc. Tout le monde est égratigné mais tout le monde est épargné car Alexandre Coffre choisit à juste titre de n’accabler personne. A la rigueur, ça pourrait constituer la limite même du film, sauf que non, on savoure notre plaisir.

Une pure affaire est particulièrement plaisant, affiche une constante maîtrise sans aucune rupture de rythme, et des qualités d’écritures rares qui elles aussi font plaisir. Pour un premier long-métrage, voila qui est franchement pas mal  !

Benoît Thevenin


Une pure affaire – Note pour ce film :
Sortie française le 2 mars 2011


Lire aussi :

  1. A l’intérieur de Julien Maury et Alexandre Bustillo (2007)
  2. Beau rivage de Julien Donada (2011)
  3. Starry Starry Night (Xing kong) de Tom Shu-Yu Lin (2011)
  4. I Wish – Nos voeux secrets (Kiseki) de Hirokazu Kore-Eda (2011)
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2 commentaires sur “Une pure affaire de Alexandre Coffre (2011)”

  1. Paul Napoli dit :

    Cette comédie devrait me plaire d’après ta description et analyse.

    Mes félicitations pour ton site qui s’est étoffé et davantage structure depuis le premier blog de Laterna Magica,

  2. Merci beaucoup Paul.

    C’est vrai qu’il y a du changement. Et encore beaucoup de boulot pour tout améliorer, mais ça prend forme doucement.

    J’espère que tu apprécieras autant « une pure affaire » que moi 😉 A bientôt

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