Cloverfield de Matt Reeves (2008)

Sorti de nul part, le premier teaser de Cloverfield à vite imposé le film comme le projet le plus excitant du moment. L’attente de la sortie commençait à être très longue d’ailleurs, même si le marketing viral dont a été objet ce long-métrage fut habile et passionnant. Alors Cloverfield, au final, qu’est-ce que ça vaut ? Très simplement, nous avons là affaire à un pur film de divertissement, le réalisateur Matt Reeves joue avec les nerfs de ses spectateurs avait une réelle maîtrise et, au sortir de la salle, nous sommes sidérés, abasourdit par ce que nous venons de voir.

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Le film commence avec une fête préparée en l’honneur d’un certain Robert Hawkins, lequel s’apprête à partir honorer une mutation pour un poste à responsabilité au Japon, le pays des lézards géants. Lentement, Matt Reeves installe son récit. Le spectateur peut alors sembler frustré par une mise en place ressentie comme un peu longue, d’autant plus que l’excitation de voir un monstre surgir dans New-York habite inévitablement nos consciences. Mais voilà, au final l’introduction du film paraît évidente tant Matt Reeves réussit à placer tous les enjeux fondamentaux qui caractériseront la suite. Soudain la terre tremble, une explosion installe la panique et la statue de la Liberté perd la tête. Tout ça est dans le fameux teaser. Nous voilà alors embarqué pour environ une heure d’une intensité incroyable.

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Cloverfield est  le nom de code d’une caméra trouvée quelque part dans les ruines de Central Park. Le film que nous découvrons est donc un document d’archive, un témoignage. Selon ce principe, très exactement le même que celui du Projet Blair Witch, Matt Reeves nous immerge à hauteur de ses personnages, dans une ville en plein chaos et en proie à une panique indescriptible. Une masse se faufile entre les buildings, les fait tomber aussi facilement qu’un jeu de quilles mais, nous ne savons rien de plus que les personnages que nous suivons. Dans un premier temps, on ne voit rien de ce qui est bientôt nommé « la chose », « la créature », sinon un bout de queue par ci, une patte par là. Ce qui détruit New-York est quelque chose d’inconnu et d’incontrôlable. Pire : inarrêtable. Le seul point de vue du film est donc celui de quelques survivants, lesquels sont en lutte pour le rester aussi longtemps que possible. Il y a des séquences assez hallucinantes, dans le tunnel du métro par exemple mais d’autres aussi dont il est impossible de parler pour ne pas gâcher le plaisir du film. Car tout est là, dans le ressenti instantané des actions dont nous sommes les témoins. Raconter Cloverfield équivaut à le tuer presque même si nous ne doutons absolument pas du plaisir que procurerons des visionnages répétés du film. Cloverfield est un pur film immersif, c’en est claustrophobique et ça le sera d’autant plus sur un très grand écran, dans une salle pleine.

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Nous n’avons peut-être là affaire qu’à un Godzilla raconté selon le principe du journal vidéo mais l’efficacité est réelle. Matt Reeves mélange moments sous haute tension avec des passages un peu plus posés qui ne sont que des invitations à reprendre notre souffle avant une suite toujours plus captivante, énigmatique, impressionnante voire même éprouvante. L’exemple le plus frappant intervient dans une séquence ou le caméraman reprend lui même son souffle, baisse sa caméra et ne film que ses pieds. Un court instant du film, aussi simple qu’important. La mise en scène est en fait particulièrement inspirée, avec des plans vraiment fascinant, ceux en contre-jour notamment. D’abord millimétrée, la réalisation passe progressivement à quelque chose de chaotique mais toujours parfaitement pensé. Il y en aura forcément quelques uns pour se plaindre d’un cadre fatalement instable, mais non, la mise en scène de Matt Reeves ne nous donne pas mal à la tête. Le cinéaste ne cherche jamais la surenchère et l’action, même lorsque le bordel est à son point culminant, est toujours lisible. Nous avons eu droit au film que nous nous attendions à voir, et pourtant, soyez sûrs que vous serez surpris. Laissez-vous aller, c’est géant.

Benoît Thevenin


Cloverfield – Note pour ce film :
Sortie française le 6 février 2008

Lire aussi :

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